Pratiquer une activité physique
Il ne suffit pas d’être convaincu… La reprise d’une activité physique nécessite d’être informé des dispositifs spécifiques proposés à l’hôpital ou en ville.
En mars 2017, l’Institut national du cancer a publié un rapport qui fait l’état des lieux des connaissances sur les bénéfices de l’activité physique pendant et après cancer. Il fournit des repères pratiques pour aider les professionnels de santé à lutter contre la sédentarité de leurs patients et promouvoir la pratique d’activité physique adaptée. Il préconise de mettre en place une pratique d’activité physique adaptée à la situation du patient, qui tienne compte du niveau habituel de la pratique, de la situation clinique et des motivations ou freins à la pratique, et lorsque c’est possible, de tendre autant que possible vers les objectifs de la population générale. Ce rapport signale les contre-indications et situations qui demandent une vigilance par- L’APA : QUELQUES EXEMPLES ticulière, ainsi que les spécificités des patients atteints d’hémopathies malignes, et des enfants, adolescents et jeunes adultes atteints de cancer.
L’APA permet aux personnes atteintes d’un cancer, en cours ou après les traitements, de reprendre une activité physique ajustée à leurs besoins et leurs capacités. Depuis le 1er mars 2017, cette pratique peut faire l’objet d’une prescription médicale. Considérée comme un soin de support, au même titre que l’acupuncture ou la socio-esthétique, l’APA est dispensée par des enseignants qui ont suivi une formation universitaire spécifique (spécialisation de la filière Staps). Ils peuvent intervenir aussi bien au sein de l’hôpital qu’en ville, dans le cadre d’associations. La prise en charge en APA commence systématiquement par un entretien entre le patient et l’enseignant. Après évaluation de ses capacités, le patient se voit proposer un programme personnalisé comprenant une (ou plusieurs) activité(s) physique(s).
« Notre prise en charge diffère en fonction des retours des patients sur leurs séances, précise Loïc Faivre, enseignant en APA à l’Institut de cancérologie de l’Ouest (Angers). On s’adapte à leur état, leurs ressentis. L’objectif est de les amener progressivement à une participation active, puis à l’intégration d’une activité physique régulière dans leurs habitudes de vie. »
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Quoi ? Deux fois par semaine en salle, les patients sont invités à pratiquer de la gymnastique douce et de la relaxation. Une fois par semaine en extérieur, ils se retrouvent pour une séance de marche collective.
Où ? Dans des structures de la Fédération française d’éducation physique et de gymnastique volontaire (sport-sante.fr).
Pour qui ? Tous les patients à différents stades de la maladie.
Pour quoi ? Améliorer la motricité générale, renforcer l’aptitude cardio-respiratoire et la force musculaire, retrouver de l’équilibre et de la souplesse.
Pendant très longtemps, les médecins ont majoritairement déconseillé l’activité physique. Ils recommandaient même à leurs patients d’éviter tout effort. Aujourd’hui, on sait au contraire que l’oncologue doit parler le plus tôt possible à ses malades de l’importance de maintenir ou de débuter une activité physique dès le début de la prise en charge. À nous de mettre en avant les avantages de l’activité physique adaptée et de lever les peurs des patients ou de l’entourage. Notre rôle est de rassurer les malades en leur présentant le type de programme individualisé qui leur convient, de leur rappeler que l’activité physique adaptée tient compte de leurs capacités physiques, de leurs préférences en matière d’exercices, de leur état psychologique et bien sûr du stade de leur maladie.
Vous vous êtes lancé dans une activité physique à l’occasion de votre prise en charge ? Votre challenge est maintenant de garder le rythme ! Tant que vous êtes en ALD (Affection de longue durée), vous pouvez bénéficier de séances d’activité physique adaptée. Mais vous pouvez aussi préférer une activité physique « classique », pratiquée hors du contexte de la maladie. En parler avec votre oncologue, médecin traitant et, le cas échéant, votre coach en APA est alors important. Ils sauront vous accompagner. Enfin, sachez que pour « accrocher » à une activité physique, celle-ci doit VOUS correspondre :
« Avant, je faisais du vélo, mais pendant mon cancer, je n’avais pas envie d’une activité physique solitaire. J’ai entendu parler de l’Aviron Santé, une discipline relevant de l’activité physique adaptée, et j’ai décidé de pousser la porte du Rowing Club Strasbourg. Au début, je n’ai pas aimé l’ambiance des vestiaires : on n’y parlait que de la maladie. Et puis peu à peu, j’ai trouvé plutôt positif d’être entourée de personnes qui avaient traversé des moments similaires aux miens car dans un sport d’équipe comme l’aviron, la cohésion est très importante. Nous devons tous ramer en même temps. Parallèlement, ce travail collectif s’appuie aussi sur un programme d’entraînement personnalisé sur rameur que le coach définit en fonction des capacités de chacun. J’ai rapidement vu les bénéfices physiques de cette activité et j’ai aussi retrouvé un équilibre de vie : ça m’a permis de me dépenser, d’évacuer le stress, de renouer avec la sensation de faim et une meilleure qualité de sommeil. Seul hic : depuis que j’ai repris le travail, je ne peux suivre qu’une seule séance et ça me manque. »
« Les médecins m’avaient plutôt conseillé de lever le pied, jugeant la pratique du badminton trop intense. Malgré tout, j’ai continué à m’entraîner régulièrement pendant mon traitement, tout en réduisant le rythme des compétitions à une fois par mois. J’avais beaucoup de difficultés à respirer, parfois des vertiges. Je sentais mon corps moins tonique et moins résistant, mais quel gain de vitalité après une séance ! Et quel soulagement de sortir de la maladie, de conserver une vie sociale. Tout le monde au club était au courant. Depuis la fin de mes traitements, j’ai retrouvé ma condition physique. D’autant que le sport m’a permis de conserver un peu d’appétit, donc de ne pas perdre beaucoup de poids et de maintenir ma masse musculaire. »
« J’ignorais tout de l’activité physique adaptée - aucun médecin ne m’en avait jamais parlé ! – jusqu’à ce que je voie un reportage à la télévision. Je n’étais pas du tout sportive mais j’ai pensé que cela m’aiderait à récupérer un peu de mobilité dans mon bras. J’ai choisi l’escrime et la marche nordique. Les séances d’escrime sont encadrées par une maître d’arme spécialement formée. C’est rassurant pour moi, comme le fait que nous soyons toutes des femmes opérées d’un cancer du sein. On comprend mieux nos difficultés respectives. En tout cas, je n’aurais jamais imaginé meilleure rééducation. Avant, je ne pouvais plus enfiler mon manteau sans me contorsionner. Très vite, j’ai vu les changements. Et j’ai aussi récupéré mes capacités de concentration et de coordination. Maintenant, j’aimerais bien intégrer un club classique. »
« Le sport s’est imposé à moi dès le plus jeune âge : basket, tennis de table, cross, hand-ball, escalade, arts martiaux, trail… Aucune recherche de performance, juste une hygiène corporelle et mentale. Après le diagnostic et une première opération d’exploration en juillet 2014, je me suis mis à la marche simple et en escalier pour augmenter mon rythme cardiaque. Chaque mardi, commençait un nouveau cycle de chimiothérapie qui durait deux jours. Je reprenais la marche le samedi ou le dimanche, doucement. Le chirurgien m’y avait d’ailleurs encouragé, en prévision des lourds traitements que j’allais encore subir. J’ai maintenu ce rythme avec une idée en tête : partir marcher en montagne à la fin des traitements. Dès l’été 2015, j’y étais. À l’automne, après le rétablissement de mon iléostomie (déviation de l’intestin grêle à l’abdomen) et la reprise du travail à mi-temps, je suis retourné à la salle de gym. Progressivement, j’ai retrouvé mon niveau d’avant la maladie. Aujourd’hui, ma « médication » pour activer mes défenses immunitaires, c’est de pratiquer tous les jours (gym couplée à du vélo/ footing/escalade selon la saison) à faible intensité et avec plaisir. »
Ce dossier a été réalisé avec le concours de l'équipe de coordination du Réseau National Alimentation Cancer Recherche (NACRe).