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Devenir parent après un cancer

Quand un projet d'enfant se dessine

Une fois les traitements terminés, le projet d’enfant doit pouvoir être discuté avec l’équipe médicale.

La consultation préconceptionnelle

L’oncologue doit être votre premier interlocuteur. S’il donne son accord à un projet de grossesse, une consultation préconceptionnelle permet d’évaluer les éventuelles répercussions des traitements sur la fonction reproductrice. Pour les femmes, on évaluera le fonctionnement des ovaires (afin de dépister et corriger d’éventuelles carences en oestrogènes), ou on identifiera d’autres causes possibles d’infertilité (anomalie de la cavité utérine, mauvaise perméabilité des trompes, analyse du sperme du conjoint…). Pour les hommes, on pratiquera un spermogramme. Ensuite, comme il n’est pas facile de « prédire » la reprise de la fonction gonadique, on procédera chez les femmes à d’autres analyses : le dosage sanguin d’AMH (hormone anti-müllerienne), de FSH (hormone folliculo-stimulante), d’oestradiol, ainsi que le compte des follicules antraux par échographie (qui correspondent à des follicules pouvant produire des ovocytes potentiellement mûrs). Toutefois, ces examens ne fournissent qu’une indication. Même la présence ou l’absence des règles ne reflète pas précisément la réserve ovarienne.

Si, en fonction du bilan et de son interprétation, l’équipe médicale donne un avis favorable, la grossesse pourra soit être obtenue spontanément, soit après réutilisation des gamètes ou tissus germinaux cryoconservés.

Si l'enfant tarde à venir

De nombreuses raisons peuvent expliquer l’absence de conception et l’infertilité n’en est qu’une. « Il peut par exemple y avoir des blocages psychologiques, voire des peurs bien ancrées, comme l’angoisse ou la culpabilité à l’idée de transmettre la maladie à son enfant, de ne pas le voir grandir », explique Eliane Marx, psychologue et onco-sexologue, chef de l’Unité de psycho-oncologie au centre Paul Strauss, à Strasbourg. Après les traitements de chimiothérapie ou de radiothérapie pourtant, « le risque de concevoir un enfant souffrant de malformations ou d’autres problèmes de santé n’est pas supérieur à celui observé dans la population générale, précise le Dr Florence Coussy, gynécologue médicale et oncologue à l’Institut Curie. Seules les femmes ayant reçu une radiothérapie abdominale importante ont une fréquence accrue de fausses couches, d’accouchements prématurés, de petits poids de naissance... Des "accidents" qui ne sont toutefois pas liés à l’effet mutagène des traitements mais aux séquelles de la radiothérapie au niveau de l’utérus (endomètre, myomètre), de la vascularisation, etc. »

Connaître l'impact des traitements sur la fertilité

Le Dr Anne-Sophie Hamy-Petit et son équipe de l’Institut Curie ont mis en place l’étude FEERIC (Fertilité, grossesse et contraception) pour améliorer la prise en charge des femmes ayant un cancer du sein. Cette étude vise à comparer la fertilité et la contraception des anciennes patientes à celles qui n’ont jamais été malades. Elle cherche notamment à savoir si les femmes ayant eu un traitement contre un cancer du sein ont vraiment plus de difficultés à tomber enceintes que les autres. Pour le savoir, plus de 4 000 femmes volontaires, âgées de 18 à 43 ans, rempliront des questionnaires et seront suivies pendant 3 ans.

 

Une étude à retrouver sur www.seintinelles.com

Parfois aussi, la grossesse se fait attendre parce que « les répercussions du cancer et de son traitement peuvent entrainer une baisse de la libido, une sécheresse vaginale, des troubles de l’érection, et provoquer une perte d’intérêt pour la sexualité, poursuit Eliane Marx. Pour renouer avec l’autre, il faut pouvoir accepter son regard sur ce corps qui a souffert et poser des mots sur ce que l’on ressent avec un psychologue, un sexologue, un andrologue… Parfois aussi, la grossesse ne se concrétise pas. C’est forcément douloureux et souvent ressenti comme le « prix à payer pour sa survie ». Cela implique donc de faire le deuil de sa maternité ou de sa paternité mais cela ne ferme pas la porte à la parentalité. D’autres chemins restent possibles, comme le don d’ovocytes par exemple, ou l’adoption. »

 

Avis d'expert // Pr Dominique Stoppa-Lyonnet
Chef de service d’oncogénétique à l’Institut Curie

Ce que l’on peut transmettre à son enfant, c’est un gène muté qui augmente le risque de développer un cancer. En l’état actuel des connaissances, moins de 10 % des cancers sont concernés, principalement les cancers du sein, de l’ovaire, du côlon et de la peau (mélanome). Dans certaines situations de prédisposition et devant une histoire familiale particulièrement grave, le DPN (diagnostic pré-natal) ou le DPI (diagnostic pré-implantatoire), en cas de grossesse par FIV, peuvent être discutés. Le DPI permet d’obtenir une grossesse avec un embryon indemne de l’affection génétique.

Le DPN a pour but de détecter in utero « une affection d’une particulière gravité » ou une anomalie génétique indicatrice d’une affection qui se révèlera à la naissance, dans l’enfance, voire à l’âge adulte. Si le foetus s’avère prédisposé, une demande d’interruption médicale de grossesse peut alors être autorisée. Dans tous les cas - DPI ou DPN suivi d’une IMG si le foetus est atteint -, la décision est difficile à prendre et doit être discutée et accompagnée par des équipes spécialisées.

« On verra bien... »
Audrey, 36 ans

L’annonce de la maladie m’a complètement détraquée et mes règles ont mis un moment à se manifester. Comme il était trop tard pour envisager un prélèvement de mes ovocytes, le médecin a provoqué une ménopause artificielle durant 6 mois avec du Zoladex, en complément de mes traitements. Aujourd’hui, je suis sous hormonothérapie pour deux 2 ans au lieu de 5, pour tenter de concevoir notre deuxième enfant. Au cas où cela ne fonctionnerait pas, nous avons présenté un dossier d’adoption. On verra bien...

« Cet enfant que je n’aurai pas m’a sauvé la vie »
Eva, 44 ans

Après quatre ans d’hormonothérapie, ma gynécologue m’a annoncé qu’il y avait trop de risques pour que je relance un projet d’enfant avec mes fragments d’ovaires congelés. J’ai été terriblement déçue mais je lui ai fait confiance et j’ai entamé un travail de deuil avec un psychiatre. Par ailleurs, j’ai pris conscience, en discutant avec ma meilleure amie, que cet enfant que je n’aurai pas m’avait au fond sauvé la vie : c’est en cherchant à être enceinte que j’ai découvert cette boule au sein. Je ne serai jamais maman mais avec mon mari, nous faisons de beaux voyages et je savoure le bonheur d’être en forme, en vie.

« Nous allons bientôt avoir un garçon ! »
Agathe et Romain, 33 ans

Avec Romain, nous avons eu un lymphome tous les deux : lui à 22 ans, moi à 29. Et nous avons tous les deux récidivé. Heureusement, grâce aux conseils d’une excellente gynécologue – ma belle-mère ! –, nous avons pu préserver nos gamètes : 11 ovules et 11 embryons cryoconservés, en plus du sperme de mon mari. Trois ans après ma greffe de moelle, dès que j’ai eu le feu vert de mon hématologue, je suis allée à l’hôpital Antoine Béclère, à Clamart, faire un bilan de fertilité. Comme tout allait bien, on a décongelé sept embryons. Trois n’ont pas survécu, et sur les quatre qui restaient, un a pris : nous allons bientôt avoir un garçon ! Et avec les ovules qui restent, nous réessaierons !

« J’ai décidé d’arrêter le Tamoxifène »
Gaëlle, 47 ans

Soignée pour un cancer du sein HER2, j’aurais dû suivre une hormonothérapie pendant cinq ans. Bien que déjà maman d’un garçon de 12 ans, j’ai décidé d’arrêter le Tamoxifène au bout de deux ans. Mon oncologue m’a demandé si j’étais sûre de mon choix. Les statistiques de fertilité ne jouaient pas en ma faveur : avoir un enfant à 46 ans, c’est tard... Et puis finalement, le 13 novembre 2017, à la suite d’une grossesse spontanée, j’ai accouché de Lili.

 


Ce dossier a été réalisé avec l'aide du Pr Catherine Poirot, responsable de la consultation de Préservation de la fertilité à l’hôpital Saint-Louis, à Paris ; Pr Nathalie Rives, présidente des CECOS et responsable du laboratoire de biologie de la reproduction-Cecos du CHU de Rouen ; Dr Anne-Sophie Hamy-Petit, gynécologue et chercheuse à l’Institut Curie ; Dr Andreas Gombos, oncologue à l’Institut Jules Bordet à Bruxelles ; Dr Charlotte Sonigo, gynécologue à l’hôpital Antoine Béclère à Clamart ; Pr Michael Grynberg, chef de service de Médecine de la reproduction et préservation de la fertilité à l’hôpital Antoine Béclère, à Clamart.