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Devenir parent après un cancer

Préserver la fertilité des hommes

Si les techniques sont maîtrisées et efficaces pour la majorité des cancers, d’autres sont encore en cours de développement, notamment pour les garçons pré-pubères.

Bien que la spermatogenèse (production des spermatozoïdes) soit plus sensible à la chimiothérapie que l’ovogenèse, les spermatozoïdes sont plus faciles à conserver que les ovocytes.

L'autoconservation de spermatozoïdes

Pour qui ?

Cette technique s’adresse à tous les hommes pubères (jusqu’à 60 ans) qui s’apprêtent à subir un traitement ou une intervention chirurgicale risquant d’avoir un impact sur leur fertilité.

Comment ?

Avant de démarrer le traitement, le sperme est recueilli par masturbation dans un laboratoire de biologie de la reproduction. Il est ensuite analysé, avant d’être conditionné et cryoconservé dans des paillettes plongées dans de l’azote liquide à -196°C. Il peut être conservé très longtemps (plus de 20 ans), sans que le pouvoir fécondant des spermatozoïdes ne soit altéré (des publications font état de grossesses obtenues avec du sperme dont la congélation avait dépassé 30 ans). Si l’état du patient empêche le recueil, un prélèvement chirurgical de spermatozoïdes dans les testicules peut être envisagé, y compris en urgence.

Et après le cancer ?

Si la fertilité s’avère compromise par les traitements, le sperme congelé peut être utilisé grâce à des techniques d’assistance médicale à la procréation comme l’insémination intra-utérine (IAC) ou la fécondation in vitro (FIV). Dans le cadre de la FIV, les spermatozoïdes décongelés sont mis en présence des ovocytes de la partenaire. Après fécondation en laboratoire, certains embryons obtenus sont transférés dans l’utérus tandis que d’autres pourront être congelés. Les taux de grossesse correspondants sont de l’ordre de 35 % par tentative pour la FIV. Ils sont de 15 % par tentative pour l’IAC.

Sachez-le

En moyenne, moins de 10 % des échantillons de sperme autoconservés dans le cadre du cancer sont ensuite utilisés. Dans 75 à 80 % des cas en effet, on observe une reprise de la spermatogenèse dans les six mois à cinq ans qui suivent une chimiothérapie.

La conservation de tissu testiculaire

Pour qui ?

Cette technique encore expérimentale est principalement réservée aux patients pré-pubères (-12 ans) pour lesquels il n’est pas possible d’obtenir un recueil de spermatozoïdes par masturbation, et spécialement à ceux en passe de subir une greffe de cellules souches sanguines (leucémie, lymphome, tumeurs du système nerveux central). Mais il arrive aussi qu’on propose la congélation du tissu testiculaire à des garçons pubères : en cas d’échec à la congélation de spermatozoïdes (peu ou pas de spermatozoïdes, échec du recueil par masturbation, traitement déjà débuté) et si le traitement envisagé est très toxique pour le testicule. La chimiothérapie ou la radiothérapie peut en effet entraîner des altérations du contenu du spermatozoïde, ce qui, en cas d’utilisation ultérieure, pourrait avoir des conséquences néfastes sur la descendance (fausse couche spontanée, malformations…).

Comment ?

Un prélèvement est réalisé sous anesthésie, afin de recueillir et de conserver du tissu testiculaire dans lequel pourront être retrouvées des cellules germinales (avant le stade de spermatozoïde) ou des spermatozoïdes. Ce prélèvement est ensuite congelé et conservé à basse température (-196°C). Fin 2016, 637 patients avaient bénéficié de cette technique de conservation.

Et après le cancer ?

La technique de prélèvement et de conservation de tissu testiculaire étant encore très récente, aucune greffe ou transplantation de cellules germinales ou spermatozoïdes n’a pu encore être réalisée chez l’homme (les patients sont encore trop jeunes ou en cours de traitement). Le protocole envisagé repose sur des résultats pré-cliniques qui montrent, chez la souris, la restauration d’une fertilité spontanée après transplantation des cellules germinales mais aussi la réussite de fécondations in vitro à partir des spermatozoïdes (notamment maturés in vitro) issus du tissu testiculaire. Médecins et chercheurs espèrent pouvoir appliquer ces procédés d’ici une dizaine d’années chez les patients guéris, devenus adultes et ne parvenant pas à concrétiser leur projet d’enfant.

 
Avis d'expert // Dr Aurélie Hamy
Hématologue à l’hôpital St-Louis, Unité Adolescents et Jeunes Adultes, à Paris

S’occuper de jeunes patients atteints de cancer est particulièrement délicat. Fertilité et parentalité sont pour eux des questions assez abstraites et souvent secondaires. Par ailleurs, on ne peut pas préserver les gamètes d’un mineur sans le consentement préalable de ses parents. Or, il est parfois difficile pour ces derniers de se projeter dans l’avenir de leur enfant, d’envisager qu’il puisse lui-même avoir des enfants et par là-même une sexualité. De leur côté, les adolescents et les jeunes adultes doivent pouvoir aborder seuls ces questions avec leur médecin ou un autre membre de l’équipe, comme le psychologue ou le pédopsychiatre, car l’intérêt de la préservation de la fertilité peut ne pas leur paraître immédiatement évident.

D’ailleurs, il y a encore trop de refus et de blocages. Pour éviter d’envoyer les jeunes patients dans ces lieux anonymes et sources de stress que sont les laboratoires de biologie de la reproduction, nous avons mis en place un circuit de prélèvement interne au service : nous sommes attentifs à préserver l’intimité des jeunes afin de diminuer leur stress et de limiter refus et échecs de prélèvements.

 


Ce dossier a été réalisé avec l'aide du Pr Catherine Poirot, responsable de la consultation de Préservation de la fertilité à l’hôpital Saint-Louis, à Paris ; Pr Nathalie Rives, présidente des CECOS et responsable du laboratoire de biologie de la reproduction-Cecos du CHU de Rouen ; Dr Anne-Sophie Hamy-Petit, gynécologue et chercheuse à l’Institut Curie ; Dr Andreas Gombos, oncologue à l’Institut Jules Bordet à Bruxelles ; Dr Charlotte Sonigo, gynécologue à l’hôpital Antoine Béclère à Clamart ; Pr Michael Grynberg, chef de service de Médecine de la reproduction et préservation de la fertilité à l’hôpital Antoine Béclère, à Clamart.