Back to top
Intro donation

Contribuer

à la recherche sur le cancer

Contribuer à la recherche sur le cancer :

Contribuer à la recherche sur le cancer :

Don ponctuel
Don mensuel
Punctual donation buttons
regular_donation

Bien s'alimenter

Les risques d'une alimentation déséquilibrée

Se nourrir correctement pendant la maladie est parfois difficile mais indispensable pour mieux supporter les traitements et ne pas en diminuer l’efficacité. Soyez attentif aux éventuels signes de dénutrition.

La dénutrition et ses conséquences

La dénutrition résulte d’un déficit énergétique et protéique de l’organisme, causé soit par une insuffisance des apports alimentaires, soit par une augmentation des pertes, soit par une association des deux. « Le dépistage de la dénutrition s’appuie sur une pesée régulière du patient, qui permet de calculer son pourcentage de perte de poids, explique le Dr Patrick Bachmann1. Une perte supérieure à 5 % du poids habituel en 1 mois (ou 10 % en 6 mois) doit alerter l’équipe médicale. Le calcul de l’Indice de masse corporelle (IMC) est également pris en compte. Il témoigne, s’il est insuffisant, d’un risque important. »

« Trop longtemps sous-estimée, la dénutrition doit être systématiquement dépistée et traitée car à pathologie égale, un patient dénutri cicatrise moins bien, est davantage fatigué et présente un risque d’infections plus important, souligne le Dr Bruno Raynard2De plus, il tolère moins bien les traitements et souffre d’une plus grande toxicité de la radio- chimio-thérapie (ex : anémie, neutropénie pour la chimiothérapie). Enfin, son risque de mortalité est plus élevé. »

 

« Il faut dépister la dénutrition encore plus tôt »
Interview du Dr Pierre Senesse, Chef du service de nutrition clinique et gastroentérologie de l'institut du cancer de Montpellier (ICM, Val d'Aurelle)

La prise en charge nutritionnelle a-t-elle évolué ces dernières années ?

Il y a 20 ans, seulement 5 % des patients dénutris étaient dépistés. Nous avons progressé, mais il faudrait davantage de cohérence dans la prise en charge nutritionnelle. Car grâce à la nutrition, on peut réduire la mortalité. La France compte aujourd’hui une quarantaine d’unités transversales de nutrition clinique (UTNC), dont un grand nombre intègre les services de cancérologie. L’objectif est de dépister la dénutrition avant que la perte de poids n’atteigne 5 %, en prenant en compte les types de traitements qui seront réalisés, selon les tolérances et l’état clinique du patient.

De quelle manière pourrait-on y parvenir ?

D’une part, en renforçant l’adhésion des patients aux conseils de prévention primaire (réduction de la consommation d’alcool, arrêt du tabac, pratique d’une activité physique…). C’est l’un des axes du Plan cancer 2014-2019. D’autre part, en ayant une meilleure coordination de la prise en charge nutritionnelle des patients sur l’ensemble des régions, mais également en formant les équipes, et en transférant nos compétences aux diététiciens.

Comment cela se passe-t-il au centre Val d’Aurelle ?

Nous formons nos diététiciens depuis 2008 dans l’École de cancérologie. Car durant leurs deux ans de formation, ils sont trop peu formés à la pathologie en général et au cancer en particulier. Dans notre centre, le diététicien peut réaliser l’évaluation clinique et biologique de l’état nutritionnel du patient, prescrire et interpréter les examens appropriés et les compléments nutritifs oraux, réaliser et coordonner le suivi nutritionnel du patient à sa sortie d’hospitalisation. Car notre rôle ne s’arrête pas au seuil de l’hôpital. On sait que pour le cancer du sein par exemple, une prise de poids augmente le risque de récidive ou qu’une chirurgie « lourde » aura des conséquences nutritionnelles à distance avec un risque avéré de dénutrition. C’est pourquoi le rôle du médecin généraliste en relais est essentiel.

L'incidence de la dénutrition

Tous cancers confondus, la dénutrition touche environ 40 % des patients, et même 60 % chez les plus de 70 ans (sous une forme modérée ou sévère). Sa fréquence varie de 36 % pour les cancers du sein à plus de 80 % pour les cancers de l’appareil digestif (pancréas, estomac…)* qui, comme ceux des voies digestives (bouche, gorge), compromettent la capacité de s’alimenter. Parfois, la perte de poids est l’élément révélateur de la maladie, notamment dans le cas du cancer du poumon pour lequel plus de 40 % des patients sont dénutris.

 

*« Bonnes pratiques diététiques en cancérologie : dénutrition et évaluation nutritionnelle », FNCLCC, 10/11/1999.

Le surpoids et ses conséquences

Évaluer son IMC
 

Calcul IMC

 

La prise de poids s’observe souvent chez les patients souffrant d’un cancer. Plusieurs causes peuvent l’expliquer : un déséquilibre entre les apports énergétiques de l’alimentation et la dépense énergétique principalement liée à l’activité physique, la prise de certains traitements, comme la cortisone ou les traitements anti-hormonaux, et les facteurs psychologiques liés à la maladie. Or, les études épidémiologiques montrent qu’une hausse de l’IMC de cinq unités (qui correspond par exemple au passage du poids normal au surpoids ou du surpoids à l’obésité) augmente de 55 % le risque de cancer de l’oesophage, de 52 % celui de l’endomètre, de 31 % celui du rein et de 12 % celui de second cancer du sein.

La raison : « Les modifications métaboliques engendrées par le surpoids (développement du tissu graisseux, résistance à l’insuline, inflammation chronique…) stimulent la production de certains biofacteurs, comme l’IGF-1 (facteur de croissance-1) ou la leptine, qui ont une influence sur la multiplication et la différenciation des cellules » précise Marie-Paule Vasson3. Si vous êtes concerné, privilégiez les aliments à faible densité énergétique (fruits, légumes) et limitez les aliments gras, trop salés (charcuteries, chips, cacahuètes salées, fromages…) ainsi que les aliments et boissons sucrés. Enfin, si le médecin le juge nécessaire, il pourra demander au diététicien de vous prescrire un régime adapté.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il est possible d’être dénutri lorsque l’on est en surcharge pondérale.
 

« J'ai pris 8 kilos avec l'hormonothérapie »
Thérèse, 60 ans, Les Lilas

« Sous hormonothérapie depuis janvier 2015, j’ai pris un, trois, puis cinq kilos ! Pourtant, je n’avais rien changé à ma manière de m’alimenter. J’ai toujours veillé à manger équilibré. Mais durant les traitements, je suis devenue plus sédentaire à cause de la fatigue. C’est ce qui a fait la différence. »


1. responsable de l’unité de nutrition et de diététique au centre Léon Bérard à Lyon.

2. responsable de l’unité transversale de nutrition à Gustave Roussy à Villejuif.

3. Présidente du comité de liaison Alimentation Nutrition du centre Jean Perrin à Clermont-Ferrand.

Ce dossier a été réalisé avec le concours d'experts membres du Réseau National Alimentation Cancer Recherche (NACRe).