Bien s'alimenter
Depuis le diagnostic et le début de vos traitements, vous avez remarqué un changement dans vos habitudes alimentaires : perte d’appétit, altération du goût et de l’odorat, problèmes digestifs... Ces effets secondaires, le plus souvent passagers, varient selon le traitement et la sensibilité de chacun.
La perte d’appétit peut être causée par le cancer lui-même mais pas seulement : les traitements anticancéreux, en particulier la chimiothérapie et la radiothérapie, peuvent provoquer une anorexie (manque d’appétit), des nausées, des vomissements, une inflammation de la bouche (mucite) ou de l’oesophage (oesophagite) qui peuvent être responsables de douleurs ou d’ulcérations (aphtes) et vous gêner pour mâcher et avaler la nourriture. Une altération du goût et de l’odorat (goût métallique, dégoût pour les odeurs fortes) peut également induire une perte d’appétit.
Les médecins seront particulièrement vigilants si cette perte d’appétit entraîne un amaigrissement important, accompagné d’une perte de masse musculaire, aussi appelée sarcopénie. À un stade avancé, peut s’installer un tableau de cachexie cancéreuse, syndrome métabolique complexe, qui associe une sarcopénie, une anorexie, une asthénie (fatigue), une inflammation et une résistance à l’insuline. Elle s’accompagne également d’une augmentation des besoins caloriques et d’une modification de la manière dont le corps transforme les protéines, les graisses et les glucides.
Il est important que vous partagiez vos difficultés avec votre oncologue, avant que votre alimentation ne se déséquilibre trop, ce qui pourrait entraîner une perte de poids, une dénutrition, ou au contraire, un surpoids. En fonction de la nature de votre maladie, de votre poids et des difficultés que vous rencontrez, une réponse adaptée vous sera apportée et votre qualité de vie pourra être préservée au mieux.
La localisation de la tumeur (bouche, gorge, appareil digestif), la mucite parfois provoquée par les traitements, le rythme des repas perturbé par les nombreux examens, le traitement (par exemple, une chirurgie au niveau du système digestif), la modification de la sensation de satiété, les nausées et vomissements qui perturbent l’absorption normale des aliments, mais aussi la douleur ou la fatigue qui ne vous donnent pas la force de préparer de « vrais » repas : voilà autant de raisons qui vous poussent à manger en petites quantités ou à fractionner vos repas.
La sédentarité ou l’arrêt d’une activité physique, les traitements comme l’hormonothérapie ou la corticothérapie, une ménopause précoce pouvant survenir après une chimiothérapie et/ou une hormonothérapie, mais aussi le stress et l’anxiété qui vous poussent à grignoter… Autant d’éléments qui peuvent provoquer une prise de poids et vous conduire à faire très attention à ce que vous mangez, voire, à vous priver.
Mieux vaut attendre la fin des traitements pour entamer un régime. En attendant, l’objectif est seulement de freiner ou d’arrêter la prise de poids.
La digestion demeure un problème global pouvant entraîner nausées, dégoût alimentaire, sensation de satiété précoce, diarrhée, constipation et modification de la flore intestinale. Si le mécanisme de la digestion n’est pas altéré par le cancer lui-même, les ressources de votre corps sont détournées au profit des cellules cancéreuses, qui captent votre énergie, provoquant une forte perte de masse grasse et de muscle.
« Dès ma première chimiothérapie, l’angoisse et les nausées m’ont coupé l’appétit. Deux jours avant, je ne pouvais rien avaler, et le jour d’après non plus. Comme je suis assez menue, j’ai dû trouver des solutions. Par exemple, je n’aimais pas particulièrement les bananes, mais la seule chose qui « passait », c’était mes smoothies maison, à base de lait, banane, et sucre vanillé. Peut-être pas très équilibré, mais régressif et nourrissant. Une fois les nausées passées, je reprenais une alimentation normale en famille. »
Ce dossier a été réalisé avec le concours d'experts membres du Réseau National Alimentation Cancer Recherche (NACRe).