Le cancer
Première cause de mortalité en France, les cancers se développent à partir de cellules anormales qui se multiplient de manière incontrôlée au détriment de l’organisme. La mutation de certains gènes est à l’origine de leur apparition.
Chaque individu est constitué d’environ 50 000 milliards de cellules organisées en sous-ensembles structurés pour assurer une fonction, appelés tissus (tissu conjonctif, épithélial, nerveux, musculaire, adipeux…) qui forment
eux-mêmes des organes (coeur, cerveau, poumon, peau…).
Au sein de chaque organe, des milliards de cellules assument donc des fonctions très diverses, propres au tissu auquel elles appartiennent (production d’enzymes digestives, contraction musculaire, conduction de
messages nerveux…). D’autres se multiplient (par division cellulaire), et certaines meurent, de façon programmée. Cette répartition des tâches et ce renouvellement constant – mais maîtrisé – permettent d’assurer le bon fonctionnement de l’organisme.
Dans un tissu donné, les cellules se divisent, meurent, ou assurent leur fonction sans se diviser, parce qu’elles captent des signaux et expriment certains gènes qui les poussent dans une direction plus que dans une autre. Ce « choix » repose sur la position – l’équilibre – de nombreux curseurs. On sait aujourd’hui que cette position est régulée par des milliers de paramètres, dont certains ont un poids plus important que d’autres.
Pour que la régulation très fine du processus de division cellulaire soit assurée, les cellules comptent sur la bonne fonctionnalité des protéines qu’elles produisent et qui sont les opératrices de ces processus. En amont, c’est donc l’intégrité des gènes, qui sont les plans de fabrication des protéines, qui est cruciale. Or, sous l’effet du temps, d’agressions extérieures (alcool, tabac, soleil, virus, radiations…), ou encore du fait de prédispositions génétiques, des altérations peuvent survenir sur l’ADN, molécule qui porte l’ensemble du patrimoine génétique. Heureusement, les cellules possèdent des systèmes de réparation qui permettent de repérer et de corriger ces anomalies.
Parfois, une mutation affectant un gène impliqué dans le développement des tumeurs est présente dans toutes les cellules d’une personne, dès sa naissance. Dans cette situation, une étape du processus tumoral étant franchie d’entrée, le risque de cancer de cette personne est plus élevé que celui de la population générale.
On parle alors de « prédisposition génétique » au cancer. Dans le cancer du sein,
elle représente par exemple environ 5% des cas.
En temps normal, lorsque les mutations sont trop importantes ou nombreuses pour être réparées, la cellule s’autodétruit, par apoptose (un mécanisme de mort cellulaire programmée). Mais parfois, ces systèmes de
sécurité fonctionnent mal ou ne fonctionnent plus : la cellule continue alors à se multiplier malgré la présence de mutations non réparées. Si ces dernières touchent des gènes impliqués dans la régulation de la prolifération
cellulaire ou de l’apoptose, la cellule peut rapidement devenir incontrôlable. Elle se multiplie et conduit à la formation d’une tumeur, maligne ou bénigne.
Toutefois, en règle générale, une cellule ne devient pas cancéreuse lorsqu’elle n’a acquis qu’une ou deux anomalies génétiques. C’est l’accumulation de nombreuses altérations au cours du temps qui lui confère les
propriétés d’une cellule cancéreuse. Cela explique en partie pourquoi la fréquence des cancers augmente avec l’âge et avec la durée ou l’intensité d’exposition à des agents mutagènes.
Réponse :
Qu’elles soient bénignes ou malignes (c’est-à-dire cancéreuses), les tumeurs sont formées de cellules qui se multiplient de façon très soutenue. La grande différence est le potentiel métastatique. Les cellules de tumeurs bénignes n’ont pas la capacité d’envahir d’autres organes. À l’inverse, les cellules cancéreuses ont la capacité d’influencer les cellules de leur environnement, par exemple en stimulant la production de vaisseaux sanguins, en modifiant la structure du tissu dans lequel elles se développent ou en détournant les mécanismes de défenses immunitaires, par exemple. Les cellules cancéreuses peuvent donc donner des métastases. Les tumeurs bénignes sont donc généralement moins dangereuses. Toutefois, lorsqu’elles compriment un organe, certaines tumeurs bénignes doivent être traitées.
D’autres peuvent évoluer en cancer : polypes intestinaux, condylome du col utérin… Ces tumeurs bénignes sont dites précancéreuses. Elles doivent être retirées avant que les cellules ne deviennent malignes.
Les cellules susceptibles de conduire à la formation d’un cancer présentent plusieurs particularités :
Au fur et à mesure du temps, les cellules cancéreuses continuent à accumuler des anomalies. Elles acquièrent ainsi de nouvelles propriétés, dont certaines leur permettent de faire s’étendre la tumeur, localement puis
plus largement. Les tumeurs finissent par envahir tous les tissus de l’organe dans lequel elles sont nées, puis par atteindre les tissus voisins : à ce stade, le cancer est dit « invasif ».
Par ailleurs, certaines cellules cancéreuses peuvent devenir mobiles, se détacher de la tumeur et migrer, notamment à travers les systèmes sanguin ou lymphatique, pour former une tumeur secondaire ailleurs dans l’organisme. On parle de métastase.
Les décès par cancer sont surtout dus aux dommages causés par les métastases. C’est pourquoi il est important de diagnostiquer précocement la maladie, avant sa dissémination dans l’organisme.
Ce dossier a bénéficié du concours du Professeur Nicolas Penel, oncologue médical et chef du département de cancérologie générale du Centre Oscar Lambret (CLCC).