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19 avril 2019

Cancer du sein triple négatif, seconde vie d’un ancien antibiotique

Une étude suisse porte un ancien antibiotique sur le devant de la scène en révélant son efficacité in vivo contre différents types de cancers du sein triple-négatifs.

Les cancers du sein triple-négatifs ne représentent que 15 à 20 % de l’ensemble des cancers du sein, mais sont responsables d’une proportion plus importante de décès dus à ce cancer. Souvent plus agressifs que les formes hormono-dépendantes ou caractérisés par la surexpression du récepteur HER2, ces cancers ne bénéficient, en outre, d’aucune thérapie ciblée qui permettrait de surpasser ou de renforcer l’action des protocoles de chimiothérapie. En explorant les propriétés d’un antibiotique mis au point il y a 70 ans, des chercheurs de l’Université de Lausanne pourraient bien avoir ouvert une nouvelle perspective.

Il y a cinq ans, l’équipe suisse avait déjà pointé la capacité de cet antibiotique, la clofazimine, à bloquer des mécanismes moléculaires qui semblent clés dans la biologie des cellules de cancers triple-négatifs. Leurs travaux s’étaient alors restreints à des analyses in vitro, ils montrent aujourd’hui dans des modèles d’étude in vivo que l’ancien médicament, autrefois utilisé contre la lèpre, a bien un effet sur des cancers du sein triple-négatifs, selon le mode d’action qui était pressenti.

Si le développement de ces cancers ne repose pas sur une stimulation hormonale ou sur l’hyperactivation du récepteur HER2, ils ne sont pas pour autant exempts d’anomalies moléculaires responsables de la prolifération incontrôlée des cellules. En l’occurrence, différentes études ont mis en évidence une cascade de réactions déclenchées par l’activation anormale de la protéine WNT. L’action biochimique de la clofazimine sur cette voie avait été caractérisée in vitro en 2014, elle est aujourd’hui confirmée in vivo grâce à des modèles animaux, qui ont aussi permis aux chercheurs de tester un traitement associant l’antibiotique à la doxorubicine, une chimiothérapie fréquemment utilisée contre les cancers du sein triple-négatifs. Non seulement l’antibiotique a eu un effet plus marqué que la doxorubicine sur la croissance tumorale, bloquant la prolifération des cellules cancéreuses et les faisant entrer dans un processus de mort programmée, mais leur action combinée était additive sans présenter une toxicité notable.

L’action de la clofazamine sur la voie WNT porte plusieurs espoirs : non seulement cette voie de signalisation serait aussi impliquée dans d’autres cancers, du foie ou du côlon, notamment, mais elle jouerait aussi un rôle important dans les mécanismes de survie de cellules cancéreuses dites « souches », capables de résister à certaines chimiothérapies et susceptibles d’être à l’origine de récidives. Selon les auteurs suisses, leurs résultats ouvrent clairement la voie à la mise en œuvre d’essais cliniques.


R. D.

Source : Ahmed, K. et al; Towards the first targeted therapy for triple-negative breast cancer: Repositioning of clofazimine as a chemotherapy-compatible selective Wnt pathway inhibitor; Cancer Letters; février 2019