Projet soutenu
Chez les femmes atteintes d’un cancer du sein, une activité physique adaptée peut être pratiquée sans risque au cours de la prise en charge thérapeutique et apporte de nombreux bénéfices. Des études ont montré qu’elle diminue la fatigue et améliore la qualité de vie comme le moral, l’état physique en général, le sommeil, etc. Elle contribue au maintien d’un poids optimal, augmente la tolérance aux traitements et à la douleur et des données suggèrent même qu’elle améliorerait la survie des patientes et réduirait le risque de rechute. Une condition à cela : la pratique doit être suffisante et régulière. Bien qu’il existe des recommandations officielles (30 minutes d’activité d’intensité modérée à élevée par jour comme de la marche rapide, du vélo ou encore de la natation, en incluant de courtes périodes d’intensité élevée ainsi que des exercices d’assouplissement et d’équilibre) et que de nombreux centres de prise en charge organisent des séances d’activité physique adaptée, la pratique est souvent trop limitée. Il est donc nécessaire de proposer aux femmes de nouveaux outils pour qu’elles deviennent plus actives et autonomes dans leur pratique d’activité physique, de façon durable pendant et après leur traitement. C’est pourquoi Marina Touillaud, épidémiologiste au sein du Département Cancer et Environnement du Centre Léon-Bérard à Lyon, gère le projet DISCO dont l’objectif est de tester des outils d’incitation à l’activité physique pouvant être proposés à l’ensemble des patientes traitées pour un cancer du sein localisé.
L’un des outils testés consiste à suivre un programme d’activité physique adaptée en autonomie à l’aide d’un dispositif connecté innovant et à porter une montre connectée équipée d’un podomètre qui enregistre le nombre de pas par jour. Les données collectées par la montre sont envoyées par bluetooth sur le smartphone de la patiente pour suivre ses performances et sa progression. L’autre outil testé repose sur quatre séances d’éducation thérapeutique dispensées dans le but de renforcer les connaissances, les compétences et la motivation des femmes vis-à-vis de la pratique de l’activité physique. Pour cela, 432 femmes seront recrutées dans plusieurs hôpitaux et réparties dans quatre groupes : « dispositif connecté », « éducation thérapeutique », « la combinaison des deux » ou « témoin ». Le groupe témoin sera seulement informé de l’importance de l’activité physique, comme le veulent les recommandations.
Dans les deux groupes bénéficiant du dispositif connecté, les femmes devront chaque semaine pratiquer deux séances de marche guidées par une application installée sur leur smartphone et une troisième séance de renforcement musculaire à domicile guidée par des vidéos disponibles sur un site internet associé. Les programmes seront personnalisés au cours d’un premier entretien afin de fixer des objectifs adaptés à leur condition physique et augmenter progressivement la durée puis l’intensité des séances au fur et à mesure de la pratique. Un suivi téléphonique sera assuré pour répondre aux interrogations et maintenir la motivation des patientes. Dans les groupes bénéficiant de l’éducation thérapeutique, les femmes suivront des séances éducatives collectives afin d’acquérir des nouvelles compétences pour pratiquer régulièrement une activité physique dans leur vie quotidienne, tout en étant aidées par des objectifs personnalisés et un bilan de leur réussite.
Ces programmes dureront six mois, au terme desquels un bilan sera effectué pour chaque participante afin de savoir dans quel groupe l’activité physique aura le plus progressé. Plusieurs objectifs secondaires seront également évalués : la fatigue, la qualité de vie, le poids, la composition corporelle, les capacités physiques, la santé psychologique, l’acceptabilité d’un bracelet connecté, etc. Puis, à 12 mois, les femmes seront réévaluées pour savoir si elles ont maintenu leur activité physique de façon autonome au cours du temps. Si les outils testés s’avèrent efficaces, leur diffusion plus large dans d’autres centres de traitement du cancer pourrait alors être envisagée. Les résultats sont attendus en 2021, le temps de recruter l’ensemble des patientes, de les suivre puis d’analyser les résultats.
Ce projet est porté par le Pr Béatrice Fervers, cancérologue et coordinatrice du Département Cancer et Environnement au Centre Léon Bérard à Lyon et est géré par Marina Touillaud, épidémiologiste au sein de cette équipe. L’unité développe des programmes de recherche pour clarifier les liens entre cancer et expositions environnementales, professionnelles et comportements individuels et tenter de réduire les risques identifiés. Trois autres personnes de l’équipe collaborent au projet, ainsi qu’une quinzaine de médecins investigateurs pressentis pour le recrutement des patientes et des collaborateurs universitaires en économie de la santé et en psychologie sociale.
En 2016, nous avons choisi de soutenir ce projet à hauteur de 522 000 euros sur 4 ans.
A. R.
Pour en savoir plus sur les avancées de la recherche sur le cancer.