Projet soutenu
On le sait depuis longtemps, les cellules cancéreuses adaptent leur métabolisme aux contraintes imposées par l’environnement tumoral ou en réponse à l’action des différents traitements. Toute la question, loin d’être réglée, est de comprendre comment se passe cette reprogrammation métabolique. Pour faire la lumière sur ces mécanismes, Jean-François Dumas et son équipe se penchent sur le rôle des mitochondries, que certaines études semblent avoir impliquées dans ces phénomènes d’adaptation des tumeurs à leur environnement ou aux traitements.
En conditions physiologiques, les mitochondries sont de petits compartiments qui, au sein des cellules, produisent la majorité de l’énergie nécessaire à la croissance et à la survie de celles-ci. Ainsi, en présence d’oxygène, cette énergie est obtenue au cours de la dégradation des nutriments consommés par la cellule, réalisée par une succession de réactions biochimiques qui ont lieu dans les mitochondries. Les cellules utilisent ensuite cette énergie pour reconstituer les composants dont elles ont besoin (nucléotides, lipides, protéines).
Certaines cellules cancéreuses qui résistent à la chimiothérapie sont capables de produire de l’énergie, en l’absence d’oxygène et en n’utilisant que très peu les mitochondries. Jean-François Dumas et son équipe ont montré qu’à l’inverse, les mitochondries des cellules de tumeurs mammaires résistantes à la doxorubicine produisent encore de l’énergie, avec un rendement supérieur à la moyenne.
En portant leur attention sur des constituants de la membrane de ces compartiments, les cardiolipines, ils ont observé un déséquilibre spécifique au sein de ces cellules cancéreuses résistantes : les cardiolipines sont présents en faible quantité sous une forme mature et en plus grand quantité sous leur forme immature. Or le maintien d’une quantité stable de cardiolipines matures dans les mitochondries contribue au stockage - au sein des mitochondries - de protéines capables de déclencher la mort de la cellule par un processus d’apoptose.
L’objectif du projet est d’analyser l’impact des variations de la quantité des cardiolipines matures et immatures dans les mitochondries sur la production d’énergie, sur l’activation de la mort des cellules par apoptose et sur la résistance des cellules cancéreuses mammaires à la doxorubicine. Etant donné qu’il n’existe pas à ce jour de moyens pharmacologiques pour augmenter ou diminuer la quantité des cardiolipines, l’équipe va tenter d’identifier des molécules susceptibles de moduler l’action de deux enzymes impliquées dans la synthèse et la maturation des cardiolipines. Ils testeront les effets de ces molécules sur les cellules cancéreuses mammaires résistantes à la doxorubicine afin de déterminer si elles permettent de restaurer une sensibilité à cette chimiothérapie.
Chercheur en biochimie de la nutrition, Jean-François Dumas travaille depuis 2007 au sein du laboratoire nutrition, croissance et cancer dirigé par Christophe Vandier. Il est aussi maître de conférences à l’Université de Tours depuis 2012. Le laboratoire est une unité mixte de recherche rattachée à l’Inserm et à l’Université de Tours (UMR 1069). Une cinquantaine d’enseignants-chercheurs, cliniciens, chercheurs, personnels techniques et étudiants, y développent des projets à l’interface de la nutrition et de la cancérologie. Parmi les membres du laboratoire participant au projet, Nastaran Ahmad Pour est doctorante, les professeurs Karine Maheo et Stéphane Servais sont enseignants-chercheurs, Michelle Pinault est ingénieur d'études en chimie, Cyrille Guimares est technicien en chimie.
Nous avons choisi de soutenir ce nouveau projet à hauteur de 50 000 euros sur deux ans.
R. D.