Projet soutenu
Rodrigue Allodji et Agnès Dumas (Gustave Roussy) mènent un projet de recherche soutenu par la Fondation ARC afin de réaliser un algorithme permettant d’évaluer le risque cardiovasculaire de chaque ancien patient.
Les traitements par chimiothérapie et radiothérapie reçus pendant l’enfance exposent à un risque cardiovasculaire élevé. Ainsi, la mortalité cardiaque chez les adultes traités pour un cancer pendant l’enfance est huit fois plus élevée que dans la population générale1.
Le sur-risque induit par les traitements du cancer pendant l’enfance peut être modulé par l’adoption de comportements adaptés (éviter le tabac, ne pas boire d’alcool ou du moins en boire avec modération, avoir une alimentation équilibrée, faire de l’exercice physique). Il est important de proposer à ces adultes un suivi adapté avec des recommandations afin de limiter les risques.
Le suivi à long terme des anciens malades revêt différentes formes : quelques centres seulement en France offrent la possibilité d’une consultation multidisciplinaire spécialisée ; là où cette consultation n’est pas disponible, le suivi est assuré en ville (par des médecins généralistes, ou, le cas échéant, par un cardiologue).
Rodrigue Allodji et Agnès Dumas, respectivement biostatisticien et sociologue à Gustave Roussy mènent un projet de recherche afin de réaliser un algorithme permettant d’évaluer le risque cardiovasculaire de chaque ancien patient pour mettre en oeuvre une stratégie de prévention personnalisée (CHART – Cancer and HeAlth Risk assessement Tool).
Ce projet sélectionné et mis en oeuvre dans le cadre de l’action 8.7 du Plan Cancer 2014-2019 pilotée par la Fondation ARC est financé par la Fondation ARC (à hauteur de 309 000 euros) et par l’INCa.
L’algorithme CHART prendra en compte l’histoire médicale du patient et ses antécédents familiaux, ainsi que son profil comportemental (est-il exposé à un sur-risque de consommation de tabac, d’alcool ? est-il en surpoids ? a-t-il une activité physique régulière ?) pour élaborer un outil de prédiction du risque.
« CHART sera le premier outil d’une telle précision, explique Rodrigue Allodji. Des outils de ce type existent déjà aux États-Unis, mais ils n’incluent pas le risque comportemental. Or l’addition des risques des traitements et de comportements inadaptés (consommation de tabac, d’alcool, manque d’exercice physique, etc.) accroît le risque. »
Pour ce faire, le projet de recherche de Rodrigue Allodji et Agnès Dumas s’appuie sur une cohorte de 7 000 patients dont l’histoire médicale et les « comportements de santé » seront passés au crible avec :
La dernière étape du projet sera l’intégration de l’algorithme ainsi réalisé au sein d’un logiciel conçu pour aider les professionnels de santé (oncologues, cardiologues, médecins généralistes) à :
« Au-delà de ces trois objectifs, il y a aussi celui de favoriser les échanges entre le médecin et le patient, souligne Agnès Dumas. Certains onco-pédiatres qui suivent ces adultes guéris d’un cancer survenu pendant l’enfance ne prennent pas le temps d’aborder ou n’osent pas aborder la question des comportements à risque. CHART permettra de rappeler aux médecins l’importance de cet échange. Il permettra aussi de faciliter la discussion entre le médecin et le patient. Enfin, CHART sera très utile à d’autres professionnels de santé comme les médecins généralistes ou encore les cardiologues, qui disposent de peu d’information sur les risques liés aux traitements anticancéreux ».
1. Role of cancer treatment in long-term overall and cardiovascular mortality after childhood cancer Tukenova et al. 2010 in Journal of Clinical Oncoly https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20142603