Selon les résultats très impressionnants d’une étude préclinique publiés dans la revue Nature medicine, l’utilisation conjointe de quatre immunothérapies distinctes permettrait de venir à bout de tumeurs jusqu’à présent considérées comme intraitables.
Depuis quelques années, le développement fulgurant des immunothérapies a permis l’émergence de nouvelles solutions thérapeutiques pour des patients atteints de cancers métastatiques.
Mais les espoirs restent limités : la majorité des essais cliniques réalisés montrent ainsi que « seulement » 20 à 40 % des patients voient leur maladie reculer durablement, selon les cas. A l’origine de cette limite, une des hypothèses les plus probables avancées par les chercheurs reste la multiplicité des stratégies déployées par les tumeurs pour tromper le système immunitaire. Face à cette complexité de la biologie tumorale, pourquoi ne pas opposer un éventail de traitements, susceptibles de multiplier les angles d’attaque ? C’est ce qu’ont tenté de faire des chercheurs américains dans le cadre d’une approche préclinique.
Si les molécules thérapeutiques ciblant le dialogue entre cellules cancéreuses et cellules immunitaires (anti PD-1, anti PD-L1 et anti CTLA-4) ont occupé le devant de la scène ces dernières années, elles ne sont pas les seules stratégies développées pour aider le système immunitaire à se déployer face aux tumeurs. Ainsi les chercheurs américains ont associé l’une de ces molécules (un anti PD-1) à trois autres approches :
Une telle quadrithérapie mise au point, les chercheurs se sont mesurés, grâce à différents modèles expérimentaux, à des tumeurs considérées jusqu’alors intraitables. Les contrôles opérés pour valider les expériences ont d’ailleurs montré que celles-ci étaient invariablement fatales. Mais grâce au traitement combiné, des taux exceptionnels de survie de 75 à 80 % étaient atteints. Mieux encore, la ré-injection de cellules tumorales a montré que la réaction immunitaire qui s’était construite grâce au traitement était robuste : la tumeur était rejetée dans 75 à 100 % des cas, selon le type tumoral testé.
Des essais réalisés avec trois des quatre voies thérapeutiques montraient une efficacité moindre, avec des taux de survie inférieurs à 50 % (contre 75 à 80 % avec les quatre), soulignant ainsi l’importance de multiplier les angles d’attaque pour réussir à surpasser les stratégies mises en place par les tumeurs.
Reste maintenant à savoir s’il est possible de proposer de telles quadrithérapies aux patients : sont-elles supportables et aussi efficaces ? La question est ouverte mais les chercheurs sont a priori plutôt rassurants : dans le cadre expérimental de leur étude, seule une toxicité minimale aurait été observée.
R.D.
Sources : APM international ; Associer quatre immunothérapies anticancéreuses différentes multiplie les chances de succès (étude expérimentale) ; 24/10/2016 Moynihan, K.D. et al ; Eradication of large established tumors in mice by combination immunotherapy that engages innate and adaptive immune responses ; Nature medicine ; 24/10/2016
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