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29 avril 2024

Des cellules cancéreuses prises au piège dans les toiles des neutrophiles

Une équipe de chercheurs de l’Ohio s’est penchée sur l’impact d’une double chimiothérapie sur l’environnement immunitaire de certaines tumeurs colorectales. 

Comment réagissent les tumeurs lorsqu’elles sont exposées aux traitements ? Cellules cancéreuses, cellules immunitaires, vaisseaux sanguins, cellules de soutien du tissu concerné… Les études se sont multipliées, ces dernières années, pour décrire la complexité de ce micro-environnement et son implication dans l’évolution cancéreuse et dans la réponse aux traitements. Dans une étude publiée en janvier dernier, des chercheurs de l’Ohio se sont particulièrement intéressés aux neutrophiles, des cellules immunitaires que nous avons évoquées récemment.

Ces neutrophiles ont la particularité de pouvoir entrer en nétose, un processus de mort cellulaire bien particulier qui engendre la sécrétion d’un réseau, comme une toile d’araignée. Ce réseau, appelé NET (neutrophil extracellular traps), est composé d’ADN et de protéines. Il a déjà été montré que le NET peut avoir un rôle bénéfique comme délétère : Il est impliqué dans des processus immunitaires permettant l’élimination de microbes mais également dans des phénomènes de dommages tissulaires localisés. Les chercheurs ont ainsi été amenés à se demander si ces neutrophiles, véritables “Spiderman cellulaires”, jouent un rôle dans l’élimination des cellules cancéreuses.

Dans un premier temps, les chercheurs ont mis en évidence que cette combinaison de deux chimiothérapies (le CB-839 et le 5-FU) a pour effet de stimuler la production d’IL-8, une molécule pro-inflammatoire permettant le recrutement des neutrophiles, par des cellules cancéreuses porteuses d’une mutation de la protéine PIK3CA. En parallèle, le traitement a pour conséquence de stimuler le phénomène de nétose chez ces neutrophiles. La cathepsine G, composant important du NET, est relarguée lors de la nétose et interagit avec un récepteur membranaire des cellules cancéreuses. Cette interaction entraine l’internalisation de la cathepsine G dans les cellules cancéreuses, une internalisation… qui leur est fatale ! 
Forts de ces résultats obtenus sur un modèle expérimental in vivo, les chercheurs se sont penchés sur des échantillons provenant de patients. Ils ont alors trouvé une corrélation positive entre l’amélioration du pronostic des patients traités au CB-839 et 5-FU et la présence de NET dans les biopsies de leurs tumeurs colorectales.

Finalement, en recrutant les neutrophiles et en activant leur nétose, l’effet de ces deux chimiothérapies pourrait être comparé à celui d’une immunothérapie, stimulant l’immunité innée*.  Un résultat particulièrement intéressant quand on note les difficultés que rencontrent les immunothérapies actuelles censées remettre en mouvement l’immunité adaptative* (les lymphocytes) face à la quasi-totalité des cancers colorectaux.

En outre, les auteurs rappellent que d’autres molécules de chimiothérapie ont montré des résultats similaires in vitro, ces expériences ouvrent donc la porte à d’autres études. Affaire à suivre…



* immunités innée et adaptatives sont des réponses successives de notre organisme face aux agents pathogènes ou aux cancers. La première est immédiate et la seconde plus lente mais plus spécifique. Les deux font intervenir différents types de cellules immunitaires qui coopèrent.



E.T.

Source : Li, Y. et al ; Neutrophil extracellular traps induced by chemotherapy inhibit tumor growth in murine models of colorectal cancer ; The Journal of Clinical Investigation ; 9 janvier 2024