Les marqueurs biologiques qui permettent de prédire l’efficacité des « inhibiteurs de checkpoint » sont loin d’être satisfaisants. Ces immunothérapies, majoritairement conçues pour bloquer le dialogue délétère entre les protéines PD-1 et PD-L1, sont utilisées face à un nombre croissant de cancers. Le test supposé prédire leur efficacité, et qui repose sur l’évaluation du niveau d’expression de la protéine PD-L1 dans les échantillons tumoraux prélevés par biopsie, est peu fiable. Pour identifier des marqueurs capables de prédire plus efficacement cette réponse, de nombreux laboratoires explorent les ressorts immunitaires impliqués dans la réponse immunitaire anti-cancéreuse. L’enjeu, évidemment, est de ne prescrire ces traitements coûteux et aux effets secondaires potentiellement lourds qu’aux patients susceptibles d’en tirer bénéfice, pour orienter les autres vers des solutions plus adaptées. Plusieurs équipes françaises, notamment basées à l’Institut Bergonié (Bordeaux), se sont penchées sur des structures bien particulières qui sont parfois visibles à proximité des tumeurs.
https://www.fondation-arc.org/projets/predire-succes-immunotherapie-contre-sarcomes
Ces structures lymphoïdes tertiaires sont des amas de cellules, organisés en trois dimensions. Des résultats précédents avaient déjà permis de remarquer la présence importante de lymphocytes B (producteurs d’anticorps) dans ces structures et d’associer celles-ci à une meilleure réponse aux immunothérapies. Ces premiers résultats, alors obtenus auprès d’un nombre restreint de patients touchés par des sarcomes sont aujourd’hui renforcés par une étude publiée cet été dans la revue Nature cancer. Ce sont trois cohortes, intégrant des patients souffrant de cancers du poumon, de la vessie, de la tête et du cou ou colorectaux, notamment, qui ont permis d’établir ces résultats.
Dans une première cohorte, incluant 328 patients, la réponse tumorale aux immunothérapies approchait les 37 % chez les patients présentant des structures lymphoïdes tertiaires alors qu’elle n’était que de 19 % chez ceux dont les échantillons n’en révélaient pas. Ce meilleur taux de réponse était associé à une progression de la survie sans progression et de la survie globale. En outre, il semblait que cette valeur prédictive était totalement indépendante du niveau d’expression de PD-L1 ou d’autres facteurs.
Source : Vanherseck, L. e et al ; Mature tertiary lymphoid structures predict immune checkpoint inhibitor efficacy in solid tumors independently of PD-L1 expression ; Nature Cancer ; 12 aout 2021