Back to top
Intro donation

Contribuer

à la recherche sur le cancer

Contribuer à la recherche sur le cancer :

Contribuer à la recherche sur le cancer :

Don ponctuel
Don mensuel
Punctual donation buttons
regular_donation
17 mai 2019

Le cholestérol, un rôle crucial dans la dérive pro-tumorale de cellules immunitaires

La manipulation du système immunitaire par les tumeurs est d’une efficacité redoutable. Un nouveau mécanisme, impliquant le cholestérol, vient d’être décrypté dans un modèle de cancer ovarien métastatique.

Les macrophages sont des cellules du système immunitaire dont le rôle peut être ambivalent. En général, ces cellules patrouillent dans l’organisme et ingèrent les débris cellulaires ou bactériens, ou les cellules anormales. Elles communiquent aussi avec d’autres cellules immunitaires, par le biais de molécules secrétées dans le sang ou dans les tissus, pour les « prévenir » d’une éventuelle intrusion, pour les conditionner à la réaction. Mais dans les tumeurs, les macrophages ont en général un tout autre comportement : ils contribuent à fournir des éléments nutritifs aux cellules tumorales, ils favorisent la formation de nouveaux vaisseaux sanguins et facilitent la dissémination tumorale, ils ralentissent l’activité des cellules immunitaires qui pourraient avoir une action anti-tumorale... Ce phénomène est connu depuis plus de dix ans, mais les ressorts de la transformation entre ces deux « états » des macrophages restent obscurs.

Une étude publiée récemment dans la revue Cell metabolism, propose un éclairage sur ce mécanisme. Ses auteurs ont observé une modification de la composition en lipide des macrophages qui entraient dans la tumeur, du cholestérol s’échappant en effet de ces cellules immunitaires. Le cholestérol est l’un des constituants lipidiques des membranes de toutes nos cellules, on le trouve notamment concentré au niveau de structures membranaires que les chercheurs comparent à des radeaux. Explication. La membrane d’une cellule est une surface relativement fluide, composée principalement de divers lipides. Or ces lipides ne se répartissent pas nécessairement de façon homogène sur cette surface. Certains se concentrent ponctuellement et forment une zone membranaire aux caractéristiques particulières : rigidité plus importante, capacité à accueillir différentes protéines enchâssées dans la membrane… Mais attention, l’image du radeau a ses limites : ces structures enrichies en cholestérol ne flottent pas, livrées à elles-mêmes au-dessus d’un grand vide liquide. Sous les radeaux, dans la cellule, on trouve plutôt une infrastructure moléculaire qui permet de transmettre, vers le cœur de la cellule, les messages captés à l’extérieur par les protéines « naufragées ». Ce qu’a montré l’étude publiée dernièrement, c’est une perte du cholestérol par les macrophages qui pénètrent l’espace tumoral avec, pour conséquence, l’arrêt de la transmission des signaux permettant normalement à ces cellules d’accomplir leur mission de défense.

Très concrètement, les chercheurs sont parvenus à décrypter les cascades de réactions moléculaires qui, dans ce contexte, contribuent à faire des macrophages des alliés de la tumeur. Mieux, ils ont aussi identifié le facteur, un, en tout cas, susceptible de provoquer la perte de cholestérol. Il s’agirait d’un des composants de la « matrice extracellulaire » de la tumeur, cette matière dans laquelle baignent les cellules tumorales et produite par celles-ci. L’acide hyaluronique en l’occurrence, un polymère qui est fréquemment trouvé en grande quantité dans la matrice des tumeurs. Déjà associé à une croissance tumorale soutenue, ce composant serait capable, au contact des macrophages, de déclencher les mécanismes qui mènent à l’expulsion du cholestérol de ces cellules.

Des expériences ont enfin montré que la croissance tumorale pouvait être ralentie en dégradant l’acide hyaluronique grâce à une enzyme dédiée, ou en supprimant les gènes permettant aux macrophages d’exfiltrer leur cholestérol. L’identification de ces mécanismes ouvre une nouvelle perspective pour limiter la progression tumorale en rendant ses moyens au système immunitaire.


R.D.

Source : Goossens, P. et al; Membrane Cholesterol Efflux Drives Tumor-Associated Macrophage Reprogramming and Tumor Progression; Cell Metabolism; juin 2019