Visites chez l’oncologue et scanners de contrôle permettent cette surveillance mais au prix de nombreux déplacements, d’une exposition aux rayonnements lors de l’examen d’imagerie et d’un coût de prise en charge non négligeable pour le système de santé. Et si la « santé connectée » pouvait améliorer cette prise en charge ?

C’est la question à laquelle a souhaité répondre l’équipe de Fabrice Denis, de l’Institut interrégional de cancérologie Jean-Bernard du Mans, en testant une application smartphone dans le cadre d’un essai clinique de phase III. L’application, développée par une entreprise israélienne, permet aux patients d’indiquer l’apparition de douze symptômes jugés pertinents pour le suivi post-traitement des cancers du poumon. Les données renseignées par le patient sont traitées par un algorithme et transmises à l’oncologue par le biais d’un email d’alerte. Celui-ci peut alors contacter son patient et convenir d’un rendez-vous, le cas échéant. Dans l’essai mis en place, 133 patients ayant suivi une chimiothérapie, radiothérapie ou chirurgie ont été randomisés entre un suivi classique, qui repose sur des visites et des scanners de contrôle tous les trois à six mois, et un suivi « assisté » par l’application. Pour ces derniers, le programme de visite était le même que pour le suivi classique, mais trois fois moins de scanners étaient prévus.

L’essai a été interrompu avant son terme prévu, pour bons résultats, afin que les patients suivis selon la méthode classique puissent bénéficier du suivi « connecté ». En effet, les résultats intermédiaires ont montré que la survie globale des patients, un an après le début de l’essai, était de 75 % avec l’application contre 49 % sans. La médiane de survie passait ainsi de 12 à 19 mois grâce à l’utilisation de l’application. Si les rechutes survenaient autant dans un groupe que dans l’autre, les médecins ont observé qu’elles étaient décelées plus précocement, ce qui permettait une prise en charge plus efficace. Par ailleurs, plusieurs indicateurs témoignaient aussi d’une meilleure qualité de vie des patients suivis avec l’application.

Si l’usage semble être valide dans le cadre du cancer du poumon, d’autres études devraient être lancées pour tester l’application dans le cadre d’autres cancers, une étude étant déjà en cours auprès de patients atteints de lymphomes. La nature des symptômes, la fréquence à laquelle ils sont renseignés ainsi que l’algorithme qui traite ces informations doivent être adaptés mais le principe est toujours le même : permettre une meilleure communication entre les patients et leur oncologue, pour optimiser leur surveillance et augmenter leurs chances de survie.

R.D.

Source : APMnews ; Le suivi des symptômes par smartphone peut allonger la survie dans le cancer du poumon avancé (phase III française) ; 6 juin 2016