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01 avril 2016

Tabagisme : une empreinte sur notre ADN

Des biomarqueurs identifiés grâce à l’étude d’une grande cohorte européenne permettraient de suivre, tout au long de la vie, l’impact du tabagisme sur notre patrimoine génétique.

Le tabagisme a des effets sur notre patrimoine génétique, le fait est connu depuis bien longtemps. Environ 70 agents mutagènes sont contenus dans les fumées inhalées. Ils provoquent de multiples altérations génétiques susceptibles de transformer une cellule saine en cellule cancéreuse.

Dans une étude publiée récemment, le docteur Zdenko Herceg, soutenu par la Fondation ARC, ne s’est pas intéressé à ces mutations qui surviennent dans l’ADN des fumeurs mais plutôt aux empreintes que le tabagisme laisse sur leur ADN, comme autant de marques qui modifient l’usage que les cellules font de leurs gènes.

Ces marques existent de façon totalement normale sur l’ADN de toutes nos cellules. Concrètement il s’agit de petites molécules qui sont déposées ici ou là sur les très grandes molécules d’ADN qui constituent nos chromosomes. Selon la présence ou l’absence de ces marques, la cellule utilise, ou non, le gène marqué. Cette régulation dite « épigénétique » de l’expression des gènes permet à chaque cellule d’avoir sa propre identité alors qu’elle partage le même patrimoine génétique que ses milliards de congénères qui constituent l’organisme d’un individu. Dans ce contexte, le docteur Zdenko Herceg, associé à de nombreux collègues européens, a voulu savoir comment le tabagisme influe sur ces marques épigénétiques.

Pour obtenir leur réponse, ils se sont tournés vers la cohorte EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition), qui regroupe plus de 500 000 personnes à travers dix pays européens et les suit depuis près de 15 ans. Disposant d’échantillons biologiques, les chercheurs ont pu identifier toutes les zones portant des marques épigénétiques à travers l’ensemble du génome de plus de 900 personnes. Parmi elles, les chercheurs pouvaient distinguer les fumeurs intensifs, occasionnels, les ex-fumeurs, ceux n’ayant jamais fumé… La comparaison des résultats obtenus dans ces différents groupes a mis en lumière des différences de marquage épigénétique tout à fait intéressantes. D’une manière générale, plus la consommation était élevée, plus les différences de marquage avec les non-fumeurs étaient importantes. Par ailleurs, ces marques qui apparaissaient anormalement suite à une exposition au tabac disparaissaient progressivement après le sevrage. Seules quatre marques, dont la localisation précise a été relevée par les chercheurs, ne disparaissaient pas même 14 à 22 ans après l’arrêt du tabagisme, constituant ainsi des empreintes durables d’une exposition passée.

Ces données permettent d’envisager une évaluation de l’impact du tabagisme sur chaque individu tout au long de sa vie. Ces biomarqueurs sont donc autant d’outils pour aider à estimer le risque de cancer de manière plus fine et personnaliser la surveillance des fumeurs ou des anciens fumeurs.


R.D.

Source : Ambatipudi, S. et al ; Tobacco smoking-associated genome-wide DNA methylation changes in the EPIC study