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11 janvier 2016

Immunité : action discrète mais cruciale de la protéine TLR4

Une étape clé du déclenchement de la réponse immunitaire contre la tumeur vient d’être décryptée par une équipe de l’Institut Curie. Une nouvelle piste de réflexion pour optimiser les défenses naturelles de notre organisme face au cancer.

Comment les défenses immunitaires s’organisent-elles pour éliminer efficacement une tumeur ?

La question est vaste mais, dans les grandes lignes : les lymphocytes T qui, parmi des millions d’autres, sont équipés pour reconnaitre les cellules de la tumeur, doivent être spécifiquement sélectionnés et activés. Ils peuvent alors agir contre les cellules tumorales. Une question majeure en immunologie – et donc en immunothérapie – est de savoir comment s’opère cette activation des lymphocytes spécifiques. Si les grandes lignes de ces processus sont relativement bien décrites, certaines étapes clés restent obscures. En travaillant avec des chercheurs belges, l’équipe de Sebastian Amigorena, de l’Institut Curie (Paris), a décrypté l’une d’elles.

C’est au sein d’un autre type de cellules immunitaires, les cellules dendritiques, que tout (ou presque) se joue. Ces cellules bien particulières ont non seulement la capacité d’ingérer des cellules anormales et de les « digérer », mais aussi celle d’exposer à leur surface des fragments de ces cellules anormales digérées. Grâce à cette « exposition », les cellules dendritiques parviennent à activer spécifiquement les lymphocytes qui reconnaissent les fragments exposés – et donc les cellules tumorales. Ce que les chercheurs ont montré, c’est que cette exposition n’est possible que si une protéine, TLR4, maintient à un rythme modéré le processus de digestion au sein des cellules dendritiques. Ce simple réglage de timing laisserait ainsi le temps aux mécanismes mettant en place l’exposition, d’opérer : quand la digestion se fait à pleine vitesse, plus aucun fragment de cellule anormale n’est présentable et l’activation des lymphocytes spécifiques se fait mal.

Poussant plus avant leurs investigations, les chercheurs ont identifié les partenaires de TLR4 qui participent à ce ralentissement de la digestion. Ces résultats, très fondamentaux, mettent en lumière des mécanismes très discrets mais dont la bonne réalisation est cruciale pour la mise en place d’une réponse immunitaire forte. Et pourquoi pas, à termes, imaginer des immunothérapies qui agiraient sur cette efficacité de sélection des lymphocytes antitumoraux ?


R.D.

Source : Alloatti, A. et al ; Toll-like Receptor 4 Engagement on Dendritic Cells Restrains Phago-Lysosome Fusion and Promotes Cross-Presentation of Antigens; Immunity; 15 décembre 2015


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