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27 novembre 2015

Cancers pédiatriques : une médecine de précision dès aujourd’hui ?

Trop peu de jeunes patients atteints de cancer accèdent aujourd’hui aux thérapies ciblées et, d’une manière générale, à la médecine de précision. Pour évaluer la faisabilité et les éventuels bénéfices de cette approche, les acteurs européens de l’oncopédiatrie se concertent, s’organisent et élaborent des projets communs. Consciente des enjeux, la Fondation ARC est pleinement impliquée dans ces projets avec un seul objectif : obtenir au plus vite des traitements adaptés qui bénéficient aux enfants et aux adolescents.

Avec un peu moins de 3 000 cas diagnostiqués chaque année en France, les cancers sont, chez les enfants et les adolescents, des maladies rares.

Leur prise en charge a considérablement évolué ces dernières décennies et le taux de survie à cinq ans est passé d’environ 30 % à plus de 80 % en moyenne. Malgré tout, une grande disparité demeure d’un type de cancer pédiatrique à l’autre, et les cancers restent la première cause de décès par maladie chez l’enfant de plus d’un an. Par ailleurs, la lourdeur des traitements et les séquelles qu’ils induisent à long terme imposent d’améliorer encore la prise en charge, notamment en développant des thérapies innovantes et mieux adaptées.

Une opportunité à saisir

Chez les adultes, le développement de la médecine de précision se propose de répondre à la nécessité d’adapter les traitements à chacun pour gagner en efficacité. Cette approche, qui est au cœur de la stratégie scientifique de la Fondation ARC, fonde le choix du traitement sur les caractéristiques moléculaires de la tumeur de chaque patient et notamment sur l’identification d’anomalies génétiques. Aujourd’hui, le développement de la médecine de précision accuse un retard en oncopédiatrie et l’accès des jeunes patients aux thérapies innovantes n’est toujours pas optimal. Pourquoi un tel retard ? La rareté des cancers chez les enfants en est la cause et les industriels hésitent encore à investir sur des développements longs et coûteux.

Et pourtant… Un certain nombre d’indices laissent penser que cette stratégie thérapeutique pourrait être particulièrement bénéfique aux jeunes patients. En effet, les tumeurs pédiatriques sont généralement liées à un faible nombre de mutations génétiques dont l’influence est très forte au contraire des cancers de l’adulte, souvent dus à une accumulation de nombreuses mutations d’influence plus complexe à interpréter. Cette simple distinction laisse présager d’un ciblage plus aisé des anomalies par des thérapies adaptées et d’une bonne efficacité de ces thérapies ciblées. Pour l’instant, tout l’enjeu est de prouver qu’il est possible de mettre au point des protocoles d’analyse moléculaire permettant de choisir des thérapies pour chaque cas et que cette approche sera effectivement bénéfique aux jeunes patients.

La communauté en marche

Pour progresser, tous les acteurs de la recherche en oncopédiatrie s’organisent actuellement à l’échelle européenne. Chercheurs, médecins, organisations caritatives et associations de parents de patients se mobilisent pour que des programmes ambitieux soient mis en place et permettent d’évaluer cette approche prometteuse auprès du plus grand nombre de patients possible.

Figure de proue de cet élan européen, le consortium ITCC (pour Innovative therapies for children with cancer) a tenu sa réunion annuelle les 12 et 13 novembre derniers à Paris. Au programme de ces deux journées, la mise en œuvre d’une stratégie européenne qui inclut la coordination des programmes nationaux et des essais thérapeutiques européens.

MAPPYACTS, organiser l’exploration moléculaire chez les jeunes patients

En France, le programme MAPPYACTS, promu par Gustave Roussy, a été initié en 2015. La Fondation ARC, impliquée dans le développement de la médecine de précision depuis plusieurs années, a choisi de s’engager scientifiquement dans ce programme en intégrant son comité de pilotage et a également voté un engagement financier de 1,6 million d'euros sur trois ans1. Concrètement, 12 centres investigateurs répartis sur le territoire projettent, dans les trois ans à venir, de recruter environ 300 jeunes patients en rechute ou réfractaires au traitement classique afin de réaliser, au sein de deux plateformes de génétique moléculaire des cancers mises en place par l’INCa (Institut national du cancer), une analyse approfondie de leur tumeur. La question majeure sera alors de savoir si ces analyses permettront bel et bien de les orienter vers des traitements ciblés.

L’expérience a montré que toutes les anomalies génétiques ne pouvaient pas être décelées grâce à une seule méthode. Les chercheurs ont donc choisi de multiplier les techniques d’exploration moléculaire. Ainsi, au-delà de l’analyse du génome des tumeurs, la caractérisation moléculaire s’étendra, par exemple, à l’ARN des cellules tumorales. Cette molécule, impliquée dans la fabrication des protéines à partir du patrimoine génétique porté par l’ADN, représente en fait la partie du génome qui est concrètement utilisée par une cellule pour remplir sa fonction dans l’organisme.

Dernière étape du programme, toutes les données devront être compilées, croisées, comparées… par les cliniciens assistés d’outils informatiques, afin d’aboutir à la prescription d’une thérapie ciblée. Une grande base de données permettra aussi de découvrir de nouvelles altérations moléculaires spécifiques pour le développement de médicaments encore plus efficaces.

Coordonner pour mieux converger

Les programmes MAPPYACTS en France, INFORM en Allemagne, iTHER aux Pays-Bas ou COMET au Royaume-Uni, tous coordonnés par l’ITCC, ont pour objectif de permettre aux enfants d’accéder aux thérapies ciblées par le biais de la médecine de précision. Mais pour savoir si cette stratégie thérapeutique est réellement bénéfique, plus d’essais cliniques doivent être menés à l’échelle européenne voire mondiale, rareté des patients oblige ! L’ITCC travaille donc à l’harmonisation des pratiques, depuis la méthode de biopsie jusqu’au programme de bio-informatique qui analyse les données.

Cette coordination internationale facilitera le recrutement des jeunes patients dans les essais cliniques en cours portant sur des thérapies ciblées et permettra de lancer de nouveaux essais cliniques donnant accès aux traitements ciblés. Ils incluront des patients provenant de ces grands projets nationaux. Les perspectives sont immenses. Grâce à ce programme, les enfants et les adolescents pourront enfin bénéficier des dernières avancées scientifiques, technologiques et organisationnelles réalisées chez les adultes. Il s’agit d’accélérer les innovations thérapeutiques pour guérir plus et mieux les enfants et les adolescents atteints de cancer.


R.D.

1 dont une partie est soumise aux évaluations intermédiaires du projet.


Pour en savoir plus sur les avancées de la recherche sur le cancer.