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21 mars 2013

Cancer : mieux lutter contre la dénutrition des malades

Entre un tiers et la moitié des patients atteints de cancer commencent leur traitement dans un état de dénutrition, c'est-à-dire avec un déséquilibre durable entre les apports énergétiques de l'alimentation et les dépenses. Pourtant, les études montrent que l'alimentation est un facteur clé dans le parcours de soins.

La Société francophone nutrition clinique et métabolisme (SFNEP) a donc décidé de publier fin 2012 un ensemble de recommandations portant sur la nutrition des patients atteints de cancer et améliorer leur prise en charge nutritionnelle1.

Cancer et dénutrition : des liens complexes

Les recherches actuelles indiquent que le cancer accroît le risque de dénutrition chez les patients. En cause : la perte d'appétit due au traitement et les modifications du métabolisme causées par la maladie. À ce sujet, le Dr Senesse, de l'Institut régional du cancer Montpellier (ICM), explique : « Le cancer est une maladie qui s'approprie le métabolisme de l'organisme pour développer lui-même son propre métabolisme. Les cellules cancéreuses produisent des molécules particulières, comme des cytokines inflammatoires, afin que le métabolisme s'adapte au propre développement de la tumeur. Or certaines de ces molécules favorisent la fonte musculaire et celle des tissus graisseux. » Ainsi, le cancer affaiblit l'organisme au bénéfice de la croissance tumorale, diminuant d'autant les défenses du patient.

La Fondation ARC soutient les travaux du Dr Laurent Yvan-Charvet et de son équipe du Centre méditerranéen de médecine moléculaire à Nice, qui s'intéressent aux mécanismes liant cancer et dénutrition. Leur projet concerne une mutation génétique, à l'origine de nombreux cancers, et son impact sur le stockage des graisses et sur la glycémie. En comprenant comment le cancer dérègle ces deux phénomènes et entraîne ainsi un affaiblissement du patient, les chercheurs espèrent développer des thérapies adaptées pour empêcher cette dénutrition, conséquence directe de la tumeur.

Si le cancer favorise la perte de poids, celle-ci peut entraîner également des complications particulières pour les patients en cours de traitement. Une équipe canadienne de l'université d'Alberta, menée par le Dr Michael Sawyer2, a ainsi montré l'impact délétère de la dénutrition sur les bénéfices de la chimiothérapie. Ils ont suivi des femmes présentant un cancer du sein et traitées pour des métastases par la capécitabine, une molécule de chimiothérapie : la toxicité du traitement est accrue chez les patientes ayant une faible masse musculaire et la tumeur progresse plus rapidement. De même, les complications postopératoires (infections, fractures, escarres, etc.) sont accrues chez les patients dénutris, le Dr Senesse citant notamment les troubles de cicatrisation après la chirurgie.

Dépister et prendre en charge la dénutrition

Tous ces éléments ont incité la SFNEP a lancé une réflexion collective en 2010 qui a débouché fin 2012 sur la publication de recommandations professionnelles. Les médecins proposent notamment un dépistage clinique de la dénutrition pour les patients atteints de cancer. Pour le Dr Senesse, cette évaluation doit être simple, condition nécessaire pour qu'elle soit appliquée au grand nombre de patients concernés. Elle passe tout d'abord par une pesée régulière, qui permet de calculer le pourcentage de perte de poids (une perte supérieure à 5 % du poids habituel doit alerter l'équipe médicale) ainsi que l'Indice de masse corporelle (IMC), égal à la masse (en kilos) divisée par le carré de la taille (en mètres). L'évaluation doit également concernée la quantité d'aliments ingérés (ce que l'on appelle les ingesta), en s'appuyant principalement sur une échelle d'auto-évaluation, graduée de 0 pour « je ne mange pas » à 10 pour « je mange comme d’habitude ».

Cette prise de conscience de l'importance de la question nutritionnelle dans la prise en charge globale des patients a conduit à la création des unités transversales de nutrition clinique (UTNC). La France compte aujourd'hui une quarantaine de ces unités, dont un grand nombre est intégré aux services de cancérologie. Les 36 recommandations formulées en fin d'année 2012, basées sur une étude de la littérature scientifique récente, ont vocation à uniformiser les pratiques dans ces unités en fournissant une base commune, solide et fiable, pour guider les équipes médicales. Elles précisent par exemple que la prescription de compléments nutritionnels oraux (CNO) ne doit pas être systématique, mais associée à un conseil diététique personnalisé. En revanche, certains pharmaconutriments (comme les oméga-3 ou les nucléotides) peuvent être recommandés, par exemple pour le traitement chirurgical des cancers digestifs. De nombreux essais cliniques sont aujourd'hui en cours pour préciser l'utilisation de ces produits pour moduler la réaction inflammatoire ou améliorer les défenses immunitaires.

L'intervention nutritionnelle se poursuit également dans l'après-cancer. On sait par exemple que pour le cancer du sein, une prise de poids augmente le risque de récidive. « Après avoir eu un cancer, les personnes sont très sensibilisées à la question nutritionnelle, précise le Dr Senesse. Malheureusement, elles s'orientent souvent sur des pratiques à risques (compléments alimentaires, gélules, etc.) sans suivre les bases reconnues : cinq fruits et légumes par jour, 30 minutes d'activité physique, etc. » Les recommandations de la SFNEP3 s'adressent donc également aux médecins généralistes qui jouent un rôle essentiel dans les politiques de prévention tertiaire pour éviter l'apparition d'un second cancer.

Enfin, la nutrition occupe une place essentielle dans les soins palliatifs, en tant que soin de support. Là aussi, les recommandations s'avèrent importantes en tant que source d'informations pour les patients et leurs proches, afin que le patient soit partie prenante des soins et que ceux-ci contribuent à renforcer la qualité de vie du malade.


G.F.

1 P. Senesse et al. Nutrition chez le patient adulte atteint de cancer : introduction. Nutrition clinique et métabolisme. 2012 ;26(4) :149-50.
2 C.M.M. Prado et al. Sarcopenia as a determinant of chemotherapy toxicity and time to tumor progression in metastatic breast cancer patients receiving capecitabine treatment. Cancer Therapy : Clinical. 2009 ; 15(8):2920-26.
3 Site Internet de la SFNEP : www.sfnep.org


Pour en savoir plus sur les avancées de la recherche sur le cancer.