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23 janvier 2013

Cancer et environnement, des liens à dénouer

Nous sommes exposés quotidiennement à une série de produits présents dans notre environnement, que ce soit sur notre lieu de travail, à notre domicile... Les chercheurs de différentes disciplines conjuguent leurs efforts pour identifier ceux pouvant présenter un risque pour notre santé, et notamment ceux qui favoriseraient l’apparition de cancers. Ces travaux permettent de mettre en place des stratégies de prévention efficaces.

La lutte contre le cancer passe par une meilleure connaissance de la maladie et de ses causes.

Si certains comportements individuels comme le tabagisme ou la consommation d'alcool sont bien connus pour favoriser l'apparition de tumeurs cancéreuses, d'autres facteurs de risque sont subis : c’est le cas des expositions environnementales. Comment les chercheurs identifient ces risques parmi tous les produits qui composent notre environnement quotidien ?

Observer les effets sur les populations

Biologistes, cliniciens et épidémiologistes travaillent de concert pour établir le lien entre l’exposition à un produit et la survenue d’un cancer. Outre les études expérimentales sur les mécanismes biologiques impliqués dans l'apparition des cellules cancéreuses, deux approches d'épidémiologie (l'étude des facteurs influençant la santé des populations) sont fréquemment utilisées : les études de cohorte et les études cas-témoin. Dans le premier cas, une « cohorte » de personnes ne présentant au départ aucun symptôme particulier est suivie sur une longue période ; à l'issue de cette phase d'observation, les chercheurs identifient les facteurs qui peuvent expliquer l’apparition de cancers chez certaines personnes. Dans les études cas-témoin, les épidémiologistes comparent un groupe de patients atteints d'un cancer et un groupe de personnes saines et recherchent les expositions passées susceptibles d’être à l’origine des différences de leur état de santé.

Ces études doivent inclure un grand nombre de personnes pour aboutir à des résultats statistiquement fiables et déterminer le rôle précis d'un agent parmi de nombreux facteurs. Outre la longue durée des études, l'une des difficultés réside dans la détection précise de l'agent soupçonné d'être cancérigène dans notre environnement. Pour Jacqueline Clavel, directrice de l'équipe « Épidémiologie environnementale des cancers » à l'Inserm (Villejuif), « nous manquons de bases de données sur l'environnement pour évaluer de façon fiable les expositions », d'autant plus que les quantités des agents incriminés sont en général faibles et qu’une personne est très souvent exposée à plusieurs agents en même temps. Pour dépasser ces difficultés, son équipe réalise des études dites de proximité. « Nous avons ainsi établi dans deux études différentes que le fait que le domicile familial soit installé à proximité immédiate d'une station-service semble associé à une augmentation du risque de leucémie de l'enfant »1,2. L'équipe du Dr Clavel, soutenue par la Fondation ARC, a également établi une association entre l'utilisation d'insecticides par la mère pendant la grossesse et les leucémies survenues plus tard chez l'enfant3. L'épidémiologiste insiste sur le fait que ces études de proximité doivent nécessairement être complétées par des travaux en laboratoire afin d’identifier précisément les agents en cause (par exemple, dans le cas des stations-service, le benzène ou certains hydrocarbures) et de préciser les mécanismes expliquant l’apparition de ces cancers.

Classer les agents cancérigènes

Une instance joue un rôle central : le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Fondée en 1965, cette agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publie régulièrement des documents, appelés monographies, faisant le bilan des connaissances actuelles sur chaque agent soupçonné d'être cancérigène. Ce travail aboutit à une catégorisation en quatre groupes, dont le groupe 1 qui rassemble les agents cancérigènes avérés pour l'homme. Le CIRC a identifié à ce jour 109 facteurs de risque certains, parmi lesquels la fumée de tabac, l'alcool, l'amiante, mais aussi les poussières de bois ou encore le radon, un élément radioactif. « Le CIRC est l'autorité reconnue internationalement », rapporte le Dr Goldberg, épidémiologiste à l'Inserm de Villejuif, « et la plupart des agences, au niveau national ou européen, utilisent les résultats du CIRC pour prendre des décisions sur les interdictions ou des réglementations. »

Très souvent, l'alerte est d'abord lancée en milieu professionnel : pour le Pr Goldberg, « les travailleurs sont les sentinelles de l'environnement ». Il est en effet plus facile de mesurer l'exposition dans un milieu bien délimité où les expositions sont importantes, et ont lieu sur une période de temps définie, comme c'est le cas sur un lieu de travail. Au sujet de la récente classification des particules fines émises par les moteurs diesel dans le groupe 14, le Dr Kurt Straif, chef du programme des monographies du CIRC, indique ainsi que « les principales études qui ont conduit à cette conclusion portaient sur des travailleurs fortement exposés. Toutefois, nous avons appris par des travaux portant sur d'autres agents cancérigènes comme le radon, que les premières études démontrant un risque chez les groupes professionnels fortement exposés étaient suivies de résultats comparables dans la population générale. »

Prévenir un risque difficilement quantifiable

L'estimation de la part des cancers liés à l'environnement est « extrêmement discutée, et sujette à controverse », précise le Dr Clavel. Certains englobent par exemple les cancers liés aux infections ou même à des facteurs nutritionnels, quand d'autres ont une approche plus restrictive. De plus, il n'est pas toujours évident de calculer la part de tel ou tel facteur de risque environnemental parmi l'ensemble des cancers déclarés. Au-delà de cette problématique, le Dr Clavel insiste sur l'importance des recherches, y compris sur les agents déjà identifiés, pour identifier notamment les circonstances d'expositions aggravantes et les périodes d'exposition les plus critiques.

Les recherches continuent une fois l'agent cancérigène identifié. « Dans l'ordre de priorité, il faut éliminer à la source le facteur de risque, si c'est réalisable, ou mettre en place des protections, si possible collectives, qui ne sont pas dépendantes du comportement de la personne », explique le Pr Goldberg. Selon lui, les chercheurs doivent aider à mettre en place des stratégies de prévention les plus efficaces possibles. Le principe de précaution s'applique, mais il faut toutefois être attentif à la nature des produits de substitution recommandés, qui peuvent potentiellement être dangereux. Ainsi, l'équipe du Dr Clavel étudie l'impact des fibres minérales artificielles qui ont remplacé l'amiante pour s'assurer qu'elles ne présenteront pas à terme un danger. L'effort de recherche mobilise donc l'ensemble des disciplines (sciences des matériaux, biologie, médecine) pour prévenir le plus efficacement possible l'impact de l'environnement sur notre santé.


G.F.

1 C. Steffen et al. Acute childhood leukaemia and environmental exposure to potential sources of benzene and other hydrocarbons; a case-control study. Occup Environ Med. 2004;61:9 773-78.
2 P. Brosselin et al. Acute childhood leukaemia and residence next to petrol stations and automotive repair garages: the ESCALE study (SFCE). Occup Environ Med. 2009;66:598-606.
3 F. Menegaux et al. Household exposure to pesticides and risk of childhood acute leukaemia. Occup Environ Med. 2006;63:131-34.
4 Le site Internet du CIRC http://www.iarc.fr/


Pour en savoir plus sur les avancées de la recherche sur le cancer.