Back to top
Intro donation

Contribuer

à la recherche sur le cancer

Contribuer à la recherche sur le cancer :

Contribuer à la recherche sur le cancer :

Don ponctuel
Don mensuel
Punctual donation buttons
regular_donation
26 novembre 2012

Cancer du sein : le sur-diagnostic en question

La mise en place du dépistage organisé du cancer du sein entre 50 et 74 ans aurait causé le traitement de cancers qui ne présentaient a priori pas de danger pour les patientes. C'est ce qu'on appelle le sur-diagnostic. Une étude européenne précise que ce risque reste limité et ne remet pas en cause les bénéfices de cette politique de dépistage. Les efforts de recherche se poursuivent pour affiner les méthodes de diagnostic.

Ces derniers mois, et notamment lors de la dernière édition d'Octobre rose, des voix se sont élevées contre un risque de sur-diagnostic du cancer du sein, dû à la hausse du nombre de femmes participant au dépistage organisé, en place depuis 2004 (voir encadré).

Selon une étude européenne [1], si ce risque existe, il ne remet pas en cause le bénéfice global du dépistage organisé : celui-ci permet de détecter plus tôt les femmes atteintes, d'améliorer leur prise en charge et de réduire le nombre de décès dus à la maladie.

Un risque contenu

Le sur-diagnostic correspond à « la détection par le dépistage d’un cancer qui n’aurait pas été diagnostiqué pendant la vie du patient en l’absence de dépistage », selon Stephen Duffy et Eugenio Paci, auteurs d'une étude de l'Institut de veille sanitaire (InVS)2. Dans le cas du cancer du sein, le sur-diagnostic concerne des tumeurs, localisées et d’étendue bien délimitée, dont on pense qu’en l'absence de traitement, elles n'auraient pas progressé vers des formes plus graves.

La réalité du sur-diagnostic est difficile à évaluer : il faut estimer le nombre de cancers qui n'auraient jamais été repérés... si le dépistage n'avait pas existé. Elle est estimée en comparant le nombre de cas diagnostiqués avant et après la mise en place du dépistage organisé : si une grande part de l'augmentation mesurée est liée à la détection plus précoce des cancers du sein, une autre est due aux cas de sur-diagnostics, ignorés auparavant.

Le groupe EUROSCREEN1 a dressé le bilan des expériences nationales menées en Europe : le sur-diagnostic représente en moyenne 6,5 % du total des cancers diagnostiqués (entre 1 % et 10 % selon les estimations), correspondant à 4 cas pour 1 000 femmes dépistées. Pour l’InVS2, la mise en place du dépistage organisé a permis une baisse de 21 %  de la mortalité par cancer du sein. Les chercheurs en concluent que le nombre de sur-diagnostics ne remet pas en cause les bénéfices du dépistage organisé.

Mieux préciser le diagnostic mammaire

Aujourd'hui les médecins, ne disposant d'aucune méthode pour anticiper l'évolution d'une masse tumorale, interviennent dès qu'une lésion cancéreuse est diagnostiquée. Pour les patientes, le traitement de ces cancers est le plus souvent une chirurgie associée à la radiothérapie, mais peut parfois s’avérer plus lourd. Comment limiter ce sur-diagnostic ? Le Dr Suzette Delaloge de l'Institut Gustave Roussy (IGR, Villejuif) évoque les progrès à accomplir en imagerie, afin de mieux classer les tumeurs et ainsi éviter des biopsies non nécessaires. Les chercheurs travaillent sur de nouvelles techniques adaptées à l'observation des tumeurs mammaires, comme l'imagerie par résonance magnétique (IRM) ou l'angio-mammographie (un produit injecté dans le sein opacifie les vaisseaux sanguins pour mieux les visualiser).

Le Dr Delaloge pointe un autre enjeu : déterminer, à partir d'analyses biologiques, si un cancer du sein ne va pas évoluer vers une forme plus agressive afin qu'un suivi régulier se substitue à la chirurgie. Ainsi, une étude en cours à l'IGR vise à préciser les facteurs d'évolution de lésions pré-cancéreuses, pour définir à l'échelle nationale des examens biologiques de suivi des lésions. « Il faut améliorer notre capacité à distinguer les différentes tumeurs et les nombreuses anomalies génétiques qu'elles contiennent », insiste le Dr Delaloge. Un important travail est nécessaire pour analyser les caractéristiques génétiques des cellules cancéreuses et déterminer quelle anomalie permet de prévoir le devenir de la tumeur. Tous ces sujets seront au cœur du futur Programme d’actions intégrées de recherche (PAIR), qui sera lancé en 2013 par la Fondation ARC avec l'INCa et la Ligue contre le cancer, dédié aux tumeurs mammaires précoces.

Le cancer du sein touche chaque année près de 53 000 nouvelles patientes. Première cause de mortalité chez la femme, il a entraîné plus de 11 600 décès en 2008. C'est pour cela qu'en 2004, la France a décidé la mise en place d'un dépistage organisé, proposé à toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans. Il consiste en une mammographie avec double lecture et un examen clinique des seins, sans avance de frais. Il concernait en 2008-09 52,8 % de la population ciblée, sachant qu'environ 15 % participe à un dépistage individuel régulier.


G.F.

1 E. Paci et EUROSCREEN Working Group, Summary of the evidence of breast cancer service screening outcomes in Europe and first estimate of the benefit and harm balance sheet. J Med Screen. 2012 ;19 :5-13.
2 S.W. Duffy et E. Paci. Bénéfices et risques du dépistage du cancer du sein par mammographie. BEH. 26 septembre 2012.


Pour en savoir plus sur les avancées de la recherche sur le cancer.