Back to top
Intro donation

Contribuer

à la recherche sur le cancer

Contribuer à la recherche sur le cancer :

Contribuer à la recherche sur le cancer :

Don ponctuel
Don mensuel
Punctual donation buttons
regular_donation

Le travail à l'épreuve de la maladie

Continuer à travailler ou s’arrêter ? Reprendre dès la fin des traitements ou s’accorder du temps ? Les situations diffèrent en fonction de l’impact de la maladie sur les personnes, de la nature de leur travail et de leurs désirs…

En l’espace de plusieurs décennies, les perspectives de guérison et de survie pour de nombreux cancers se sont considérablement améliorées. Les nouveaux traitements, dont les thérapies orales, et les hospitalisations plus courtes offrent de réels bénéfices pour les patients. Ces pathologies restent, cependant, une épreuve difficile tant physiquement que psychologiquement avec des répercussions sur la vie sociale, intime mais aussi professionnelle.


S'arrêter ou pas... une décision difficile

En France, quelque 4 millions d’adultes vivent ou ont vécu avec le cancer, et chaque année, parmi les 400 000 personnes diagnostiquées, 160 000 travaillent1. La question de l’emploi se pose alors pour des millions de Français dès le diagnostic jusqu’au rétablissement. Une dimension prise en compte par la Stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 impulsée par l’Institut national du cancer (INCa). Ce nouveau plan vise, notamment, à améliorer l’accompagnement des patients afin de faciliter leur maintien ou leur retour en emploi pendant et après la maladie, mais aussi sensibiliser l’univers professionnel aux effets indésirables du cancer et des traitements sur l’organisation du travail.

Poursuivre son activité ou s’arrêter de travailler peut être une décision difficile. D’autant que l’arrêt n’est pas une obligation : il est tout à fait possible de continuer à travailler durant les traitements. Dans les faits, selon l’étude VICAN 5, deux actifs sur dix ne s’arrêtent pas. Il s’agit essentiellement des indépendants, des chefs d’entreprise, des agriculteurs ou encore des salariés des (très) petites entreprises. Si pour certains, continuer à travailler est une nécessité économique, c’est aussi une façon de lutter contre la maladie ou de se raccrocher à « la vie normale ». Néanmoins, la majorité des patients se sent dans l’incapacité de concilier le travail et les traitements, notamment du fait des douleurs, de la fatigue et des effets secondaires. La plupart du temps, l’arrêt de travail survient dans les six mois suivant le diagnostic et dure en moyenne dix mois.

 

1. Institut national du cancer.

Charte de l'INCa

Pour améliorer l’accompagnement des salariés touchés par le cancer, l’Institut national du cancer (INCa) et le Club des Entreprises « Cancer et Emploi » ont rédigé, en 2015, une charte de 11 engagements. Les signataires s’engagent, ainsi, à informer leurs collaborateurs de l’existence des différents dispositifs et aides auxquels ils peuvent prétendre mais aussi sensibiliser les équipes aux effets des pathologies cancéreuses et leurs conséquences au travail.


Reprendre ? Quand ? Comment ?

La fin de l’arrêt maladie ne signifie pas toujours que les traitements sont terminés, ou que la maladie est derrière soi. Bien que 80 % des malades du cancer reprennent le travail cinq ans après le diagnostic, chacun avance à son rythme. Certains préféreront retourner progressivement au bureau durant leur radiothérapie, par exemple, et bénéficieront d’un aménagement de poste et/ou d’horaires, tandis que d’autres auront besoin de plus de temps avant de renouer avec un rythme professionnel proche ou identique à celui d’avant la maladie, ou prendront le temps de réfléchir à ce dont ils ont vraiment envie. Le cancer est, en effet, l’occasion d’une profonde remise en question. Les priorités de vie changent. Le regard sur le travail et la place à donner à la vie professionnelle évoluent. Certains décident de repartir de zéro ou optent pour une retraite anticipée. De fait, la reprise du travail peut être difficile à envisager ou source d’angoisse, surtout si on a été absent plusieurs mois. En outre, elle ne dépend pas seulement de son envie de travailler mais aussi (surtout ?) de son état de santé après cette épreuve, de son environnement familial et professionnel. Une série d’interrogations taraude la personne malade : suis-je capable de reprendre un travail ? Pourrai-je reprendre comme avant ? Mon cancer et les traitements m’ont-ils diminué(e) ? L’équipe et/ou mon manager seront-ils compréhensifs, patients et à l’écoute ?


Des situations variables

Les études VICAN 2 et 52 montrent, sans surprise, que la capacité des individus à se maintenir en emploi à la suite d’un diagnostic de cancer dépend du pronostic qui lui est associé. Ainsi, 85,5 % des personnes avec un mélanome étaient toujours en emploi deux ans après le diagnostic, alors que cette situation n’est observée que pour 38,6 % des personnes atteintes d’un cancer du poumon.

L’étude CANTO menée auprès de 12 000 femmes traitées pour un cancer du sein3 révèle, par ailleurs, que la sphère familiale joue aussi un grand rôle. En effet, les femmes ayant plusieurs enfants en bas âge dans un foyer à faible revenus (<2 500 €) retournent moins à l’emploi que les femmes célibataires avec ou sans enfant.

Il est aussi observé que les personnes ayant connu au moins un aménagement de leur poste ou de leur temps de travail sont plus souvent en emploi cinq ans après le diagnostic que les autres (88,9 % contre 69,6 % des personnes n’ayant eu aucun aménagement).

Ce type d’aménagement concerne plus de 60 % des personnes en emploi, en particulier les salariés des grandes entreprises qui ont une plus grande flexibilité que les petites structures ou que les indépendants.

Ces différents parcours révèlent à quel point la reprise du travail varie selon les profils et doit être anticipée, préparée par et avec les soignants, mais aussi avec le médecin du travail et l’entreprise. Chaque situation professionnelle appelle une solution adaptée.


2. Enquête VICAN 5 « La vie cinq ans après un diagnostic de cancer », INCa et Inserm, juin 2018.
3. « Environnement social des patientes et réinsertion professionnelle après un cancer du sein, Cohorte Canto », thèse soutenue par Elsa Caumette en décembre 2022.

 

Avis d'expert : Géraldine de Blasi - psychologie au CHU de Rouen et co-fondatrice du site My Cancer Network

S'accorder du temps

 

"L’après-cancer peut être une période difficile. Certains ont dû mal à se projeter dans un avenir professionnel. D’autres, au contraire, idéalisent le retour au travail et voient en lui un retour à la vie « normale ». Mais, parfois, ils réalisent qu’une fatigue invalidante, des douleurs chroniques ou des troubles de la concentration ou de la mémoire se sont installés. Des difficultés qui peuvent entrainer une perte de confiance en soi. C’est pour cette raison qu’au sein de la consultation médico-sociale et psychologique d’aide à la reprise au travail du CHU de Rouen, nous conseillons aux patients de s’accorder un temps de convalescence après les traitements, puis de reprendre progressivement le travail. La reprise n’est pas une réussite en soi. En revanche, se maintenir en emploi dans la durée et dans de bonnes conditions, ça l’est."


Contenus en lien avec cet article

Pour en savoir plus sur les avancées de la recherche sur le cancer.