Apaiser les douleurs du cancer
Interview du Professeur Serge Perrot,
Responsable du Centre de Lutte contre la Douleur (CLUD) de l’Hôpital Cochin (Paris).
Les traitements de la douleur s’appuient sur des molécules très anciennes, comme la morphine qui a plus de 6 000 ans, ou repositionnent des médicaments venus d’autres disciplines tels que les antidépresseurs ou les antiépileptiques. Ces dernières décennies, la recherche a trouvé peu d’alternatives à ces médicaments car la douleur est un système complexe sur lequel il est difficile d’intervenir sans provoquer des effets secondaires. En conséquence, des molécules qui paraissaient prometteuses chez l’animal s’avèrent toxiques chez l’Homme.
Oui, effectivement, les chercheurs étudient différentes méthodes visant à bloquer les voies de transmission de la douleur. Parmi elles, les études sur les anticorps monoclonaux anti-NGF apportent des résultats intéressants, notamment dans la prise en charge des douleurs articulaires. Néanmoins, des effets indésirables ont été signalés. Il faudra donc être vigilants. En parallèle, des équipes travaillent sur des molécules appelées des antagonistes du récepteur TRPV1 qui permettraient d’atténuer les douleurs neuropathiques. On peut aussi citer les dérivés de synthèse du cannabis qui vont faire l’objet d’une expérimentation en France.
Ces thérapies sont indispensables dans la prise en charge de la douleur. Plusieurs études ont montré que l’activité physique, la méditation ou l’hypnose aident les patients à mieux vivre. Dans cet esprit, des équipes évaluent les bénéfices de la réalité virtuelle pour soulager les patients au cours de leurs séances de radiothérapie par exemple, ou encore l’impact du yoga sur les douleurs articulaires. À cela s’ajoutent des travaux de recherche dans le domaine de la radiologie interventionnelle qui vise à détruire les tumeurs par différents procédés, comme le froid, le laser ou les ultrasons, mais aussi la neuromodulation qui consiste à contre-stimuler le système nerveux pour bloquer la transmission du message nerveux.
Ce dossier a été réalisé en collaboration avec Rose Magazine et avec l'aide du Dr Sophie Laurent, responsable du Centre d’évaluation et de traitement de la douleur de l’Institut Gustave Roussy à Villejuif, du Dr Antoine Lemaire, chef du Pôle Cancérologie et Spécialités Médicales du Centre Hospitalier de Valenciennes, de Nathalie Ferrand, infirmière coordinatrice à l’Institut Daniel Hollard à Grenoble et du Pr Serge Perrot, responsable du Centre de lutte contre la douleur de l’Hôpital Cochin à Paris.