Le réseau français des registres sur les cancers en France a produit une nouvelle évaluation de plusieurs données épidémiologiques cruciales pour appréhender les enjeux de santé publique que constituent ces maladies.
Le 4 juillet, l’Institut National du Cancer et Santé Publique France ont publié des chiffres actualisés sur l’épidémiologie des cancers en France. Ces chiffres étaient attendus, la précédente mouture datant en majeure partie de 2018. A l’époque, le réseau des registres estimait que 382 000 diagnostics de cancers avaient été établis en France dans l’année. En 2023, c’est l’un des chiffres qui fait réagir puisque ce nombre est aujourd’hui estimé à 433 136. En 1990, il était d’environ 216 000. Un doublement du nombre de cas de cancers en une trentaine d’année !
Evidemment, cette hausse spectaculaire est majoritairement liée à la démographie. Les experts considèrent que le différentiel est dû, pour 30 %, à l’augmentation de la population et, pour 48 % ou 27 %, au vieillissement de celle-ci, chez les hommes ou les femmes, respectivement. Le reste des nouveaux cas de cancers, 20 % chez les hommes ou 47 % (!) chez les femmes, ne peut donc pas être imputé à l’augmentation globale de la population ou à la structuration de celle-ci, mais à ce que les autorités nomment « l’augmentation du risque » et dans laquelle on peut notamment intégrer l’évolution des expositions aux différents facteurs de risques.
Chez les femmes, cette part considérable de l’augmentation du risque repose, pour une part importante, sur l’effet du tabagisme. D’ailleurs, les chiffres des cancers du poumon sont parlants : si le taux d’incidence* baisse chez les hommes (en moyenne - 0,2 % par an sur la période 1990-2023), il est en forte augmentation chez les femmes, + 5 % par an. Une hausse considérable, sans équivalent dans les autres cancers. Globalement, ces cancers représentent 52 777 nouveaux cas en 2023 et sont la première cause de décès par cancer en France, avec environ 33 000 décès annuels (données de 2018, non mises à jour en 2023).
Autres cancers en hausse significative, les mélanomes de la peau (+ 3,5 % par an pour les hommes et + 2,6 % pour les femmes), les cancers du foie (+1,3 % pour les hommes et + 3,2 % pour les femmes) et les cancers du pancréas (+ 2,3 % pour les hommes et + 3,3 % pour les femmes).
Tabac, alcool, alimentation, irradiation UV… Globalement, les hausses d’incidence de ces quelques cancers fortement associés à des facteurs de risques évitables, rappellent que la prévention doit être le premier outil de lutte, notamment contre des cancers aux pronostics sombres.
Du côté de la prise en charge, les données publiées permettent d’estimer à +6,6 % la hausse des dépenses hospitalières liées au diagnostic, au traitement et au suivi des personnes atteintes de cancer entre 2020 et 2021. Un montant qui atteignait, donc, en 2021, la somme de 6,3 milliards d’euros.
Plus précisément, les données montrent que les médicaments « innovants », comme les thérapies ciblées et, de façon encore plus criante, les immunothérapies, constituent la majorité de ces dépenses alors même que leur usage, en extension rapide, reste limité à une minorité de patients (62 633 patients pour les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire, +21 % entre 2020 et 2021 ; 505 patients pour les cellules CAR-T, +36 %). Ces constats, qui datent déjà de deux ans, alertent sur le financement de ces prises en charge, dont les promesses thérapeutiques sont majeures, mais qui pèsent de façon importante sur nos systèmes de financement des soins.
Cet indicateur représente la proportion de cas qui surviennent dans une population virtuelle, standard. Il permet de comparer l’incidence des cancers dans des populations différentes (entre deux pays ou entre deux époques, par exemple) sans que la comparaison ne soit biaisée par les différences de structuration des populations en question.
R.D.
Source : Panorama des cancers en France – Édition 2023 Édité par l’Institut national du cancer (INCa)