Projet soutenu
Le système immunitaire dispose d’outils efficaces pour reconnaitre et détruire les cellules cancéreuses. Pourtant, son action chez les patients est limitée par plusieurs obstacles. Tout d’abord, bon nombre de cellules immunitaires ont un rythme de multiplication élevé – comme les cellules cancéreuses – et sont donc tuées par les traitements de chimiothérapie et de radiothérapie. Par ailleurs, on sait maintenant que les tumeurs sont bien souvent des environnements dans lesquels la mise sous silence des cellules immunitaires éliminatrices de tumeurs est minutieusement organisée, grâce au détournement de mécanismes « internes » de contrôle du système immunitaire. Ceux-ci permettent, en temps normal, d’éviter un emballement de la réaction de défense ou la survenue de réactions auto-immunes. Pour Alexandre Boissonnas et son équipe, il est capital de maintenir active la fonction anti-tumorale après les chimiothérapies ou les radiothérapies, afin d’épauler l’action bénéfique de ces traitements.
Pour cela, les chercheurs ont commencé par décrire comment les populations de cellules immunitaires recolonisaient la tumeur après avoir été mises à mal par les traitements. Leurs résultats préliminaires, ainsi que ceux d’autres équipes, permettent de reconstituer partiellement la scène : après les traitements, les cellules immunitaires qui semblent s’infiltrer au sein de la tumeur sont majoritairement des lymphocytes T dits « régulateurs » (qui inhibent les mécanismes de défense) et un certain type de macrophages qui, au lieu d’alerter les lymphocytes de la présence de cellules cancéreuses, vont émettre des signaux appelant au calme et servir de soutien aux cellules cancéreuses. Grâce à des études réalisées in vivo sur des modèles de tumeurs des voies aéro-digestives supérieures et de tumeurs pulmonaires, les chercheurs parisiens ont déjà montré que ce double recrutement semblait reposer sur un dialogue entre les protéines CCL2 et CCR2, exprimées respectivement par les cellules tumorales et les cellules immunosuppressives (Treg et macrophages).
Désormais, l’objectif des chercheurs est de mieux décrire les étapes de cette infiltration de la tumeur par les cellules immunosuppressives et d’en comprendre les modalités précises. Comment les deux populations de cellules immunitaires réagissent-elles aux traitements, quelle influence ont-elles l’une sur l’autre, le dialogue CCR2-CCL2 a-t-il un autre rôle que celui d’attirer les cellules immunosuppressives dans la tumeur ? A terme, l’espoir repose sur la mise au point d’une nouvelle immunothérapie qui limiterait la recolonisation de la tumeur par des cellules immunosuppressives, favorisant ainsi l’action de cellules immunitaires actives. De cette façon, les chimiothérapies ou les radiothérapies pourraient gagner considérablement en efficacité, avec le soutien d’un système immunitaire pleinement mobilisé.
Alexandre Boissonnas est chercheur INSERM au Centre d’immunologie et des maladies infectieuses (CIMI-Paris). Son doctorat puis son expérience post-doctorale lui ont permis d’acquérir une connaissance approfondie des relations entre les cellules immunitaires et de développer des techniques nouvelles d’imagerie pour suivre l’activité de ces cellules dans un organisme vivant.
Christophe Combadière dirige l’équipe qu’Alexandre Boissonnas a rejointe en 2009. Il travaille depuis de nombreuses années sur le rôle des chimiokines – parmi lesquelles CCL2 – ces signaux moléculaires qui permettent une migration rapide et coordonnée des cellules immunitaires mais aussi le contrôle de diverses fonctions de ces cellules.
Pour la réalisation de ce projet, des collaborations sont d’ores et déjà établies avec l’Université de Californie à San Francisco et le centre de radiothérapie de Gustave Roussy (Villejuif).
Outre Alexandre Boissonnas et Christophe Combadière, le projet mobilisera pleinement Marie Laviron, doctorante, ainsi que Noelline Guillou et Sandrine Barthélémy, qui assure un soutien technique à l’équipe.
Fin 2017, nous avons choisi de soutenir le projet porté par Alexandre Boissonnas en lui attribuant un financement de 50 000 sur deux ans.