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Mieux caractériser les tumeurs afin d’être en mesure de proposer une alternative thérapeutique aux enfants en échec de traitement

Le point avec le professeur Gilles Vassal et le docteur Birgit Geoerger (Gustave Roussy, Villejuif).

Comment répondre aux besoins des enfants et adolescents dont la tumeur résiste aux traitements ?

Gilles Vassal, président d’ITCC (Innovative Therapies for Children with Cancer in Europe), directeur de la recherche clinique de Gustave Roussy, et Birgit Geoerger, responsable du CLIP21 pédiatrique Gustave Roussy-Robert Debré-Trousseau et investigatrice principale de MAPPYACTS et AcSé-ESMART, répondent en expliquant les objectifs de ces programmes de recherche multicentriques ambitieux, déployés sur tout le territoire et soutenus par la Fondation ARC.

Gilles VassalGilles Vassal, quels espoirs les programmes MAPPYACTS et AcSé-ESMART ouvrent-ils ?

[Gilles Vassal] Les deux programmes ont pour objectif de donner un accès rapide aux innovations thérapeutiques les plus récentes aux enfants en échec thérapeutique, tout en accroissant les connaissances sur les cancers pédiatriques. Il s’agit de trouver plus vite de nouveaux médicaments pour guérir plus et mieux les 6 000 jeunes qui meurent du cancer chaque année en Europe. Les deux essais sont promus par Gustave Roussy et conduits dans le cadre de l’ITCC. AcSé-ESMART fait partie du programme AcSé (Accès sécurisé aux thérapies ciblées innovantes) mis en place par l’Institut national du cancer.

Pour aller plus loin

MAPPYACTS, ouvert en France, détermine le portrait moléculaire (analyse de l’ADN et de l’ARN) et immunologique de la tumeur des enfants dont la maladie résiste aux thérapies standard. Il va bientôt ouvrir en Italie et en Espagne. L’objectif est d’orienter les traitements proposés aux enfants en fonction des résultats de l’analyse de leur tumeur. Ces traitements sont des thérapies ciblées ou des immunothérapies qui, pour la première fois, sont utilisées chez l’enfant dans la vingtaine d’essais de  phase I et II en cours. Parmi eux, l’essai européen AcSé-ESMART, unique au monde, propose sept bras de traitements (lire p. 10 dans le dossier de presse) dans un seul et même essai thérapeutique. Il élargit de façon rapide et significative le panel des innovations proposées aux enfants.

L’autre objectif est de mieux comprendre les cancers de l’enfant : connaître les anomalies spécifiques responsables de la croissance des tumeurs, des métastases, de la résistance aux traitements pour développer de nouveaux médicaments plus efficaces. En effet, pour la moitié des enfants participant à MAPPYACTS, on trouve une ou des anomalies dans leur tumeur, dont certaines sont la cible de médicaments qui pourraient être efficaces. Cependant, pour l’autre moitié des enfants, les anomalies que l’on trouve sont inconnues ou absentes. Le programme ITCC BIG DATA va agréger les données de MAPPYACTS et d’AcSé-ESMART ainsi que celles d’autres programmes nationaux pour permettre aux chercheurs d’utiliser et d’exploiter, à l’horizon 2019, les données provenant de plus de 3 000 enfants. Les techniques d’intelligence artificielle vont être utiles pour établir des algorithmes aidant à la décision thérapeutique et pour découvrir de nouvelles cibles pour de nouveaux médicaments.

Quels sont d’ores et déjà les bénéfices pour les jeunes patients intégrés dans le programme ?

Dans MAPPYACTS, les portraits moléculaires sont réalisés à Gustave Roussy et à l’Institut Curie pour tous les enfants en France. Chaque semaine, les équipes des deux instituts analysent ensemble les données. À ce jour, un nouveau traitement a été proposé pour les 340 enfants déjà inclus dans MAPPYACTS, dont 59 via l’essai AcSé-ESMART. Des réponses thérapeutiques ont été observées pour certains enfants, mais pas pour tous. C’est pourquoi il faut continuer d’accélérer les développements et les recherches, sans relâche. Il faut que les acteurs de la lutte contre le cancer – équipes soignantes et de recherche, INCa, partenaires caritatifs comme la Fondation ARC, mais aussi associations de parents et industriels – continuent d’unir leurs forces, car nous avons besoin de plus de moyens pour guérir plus d’enfants. Je me réjouis que le Fondation ARC ait fait de la pédiatrie un axe stratégique prioritaire, car les programmes comme MAPPYACTS ou AcSé-ESMART nécessitent des investissements que les acteurs publics ne peuvent financer seuls. C’est le soutien des partenaires caritatifs qui rend ces programmes possibles. Il représente plus de la moitié des financements. Sans ce soutien, sans le soutien de la Fondation ARC, sans la générosité de ses donateurs, les programmes ambitieux que sont MAPPYACTS et AcSé-ESMART ne pourraient être financés.

Brigit GeoergerBirgit Geoerger, en quoi MAPPYACTS et ESMART peuvent-ils conduire à des avancées déterminantes dans le traitement des cancers pédiatriques ?

[Birgit Geoerger] Les deux programmes ont pour objectif de mieux comprendre et de mieux soigner les enfants atteints de cancer. MAPPYACTS nous permet d’acquérir des connaissances sur la biologie des tumeurs en rechute. Nous disposons déjà de beaucoup de données sur les tumeurs au moment du diagnostic, mais ces données sont plus rares au moment de l’échec des traitements. L’essai nous permettra de collecter des données concernant la complexité des cancers afin de mieux répondre, à terme, aux besoins de tous les enfants en rechute.

Pour aller plus loin

AcSé-ESMART est un essai extrêmement ambitieux qui augmente significativement les propositions thérapeutiques pour les enfants en échec de traitement. Les sept bras de traitement de l’étude actuelle couvrent différents mécanismes de la cancérogénèse connus aujourd’hui comme étant vraisemblablement impliqués dans l’oncogenèse : anomalies du cycle cellulaire, de la réparation de l’ADN, de certaines voies de signalisation, comme mTOR, MEK, ou la voie métabolique IDH2, mais aussi les mécanismes immunitaires. Concrètement, si un patient présente une anomalie, nous l’orientons vers le ou les bras de traitement correspondant le mieux, selon nos connaissances actuelles, à ses besoins. Par exemple, s’il présente une anomalie de la réparation de l’ADN, nous l’orientons vers le bras qui associe un anti-PARP à une chimiothérapie, parce que ces altérations semblent associées, pour ces traitements, à des réponses, dans certains cancers de l’adulte. S’il ne présente pas d’anomalies moléculaires, nous proposons le traitement qui semble le mieux adapté à la maladie ou bien une immunothérapie. Cela nous permet de répondre au besoin immédiat du patient, mais aussi d’acquérir des données sur des cohortes suffisamment larges pour être significatives, concernant la façon dont les tumeurs pédiatriques en rechute réagissent à ses molécules. À terme, cela ouvre la voie à une meilleure prescription.

Ces deux études multicentriques, développées à l’échelle nationale, voire internationale, ouvrent un cercle vertueux propre à accélérer la recherche. Elles fournissent aussi des éléments nécessaires à la recherche fondamentale et translationnelle. Elles sont, en permanence, enrichies par les résultats de ces recherches. Ces programmes de recherche clinique intègrent au fur et à mesure les nouvelles connaissances acquises, comme les nouvelles molécules proposées par les industriels. Elles avancent en cherchant.

 



1. Centre labellisés INCa de phase précoce

Photos : Gustave Roussy