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Cancers pédiatriques : des déterminismes et des mécanismes spécifiques

Le point avec le docteur Olivier Delattre (Institut Curie, Paris).

Directeur de recherche à l’Inserm, pédiatre, Olivier Delattre a reçu, en 2016, le prix Fondation ARC Léopold Griffuel pour récompenser une carrière prolifique, jalonnée de découvertes majeures sur les origines génétiques de tumeurs solides de l’enfant, et pour soutenir la poursuite de ses travaux. Il est par ailleurs financé par la Fondation ARC dans le cadre de plusieurs projets de recherche explorant les mécanismes de la cancérogenèse chez l’enfant ainsi que de nouvelles pistes thérapeutiques.

Olivier DelattrePourquoi une recherche fondamentale spécifique aux cancers des enfants ?

[Olivier Delattre] Les tumeurs pédiatriques ne posent pas les mêmes problèmes que les tumeurs de l’adulte. À la différence des tumeurs de l’adulte, elles répondent généralement bien au traitement par chimiothérapie mais le problème majeur est celui de la récidive, d’où la nécessité d’étudier de manière spécifique les mécanismes de cellules souches, de sélection clonale, de dormance, de plasticité cellulaire.

Chez l’adulte, le cancer est provoqué par une accumulation d’altérations génétiques liées à l’âge et aux expositions répétées à des mutagènes, de quelque nature qu’ils soient (tabac, alcool, polluants, rayonnement UV), alors que chez l’enfant, on ne retrouve seulement que quelques altérations cellulaires principales, en faible nombre pour une tumeur donnée. Dans les cancers pédiatriques, la plasticité des cellules c’est-à-dire, leur capacité à se transformer, à s’adapter à leur environnement, à échapper au traitement, joue un rôle crucial. La plasticité cellulaire est utilisée par les cellules cancéreuses et joue un rôle dans leur migration et la formation des métastases, parce qu’elle facilite leur installation dans d’autres organes, d’autres environnement. Il est nécessaire de développer une recherche dédiée aux cancers pédiatriques afin, bien sûr, de mieux répondre aux besoins de traitement des jeunes patients. Ce faisant, en étudiant les cancers de l’enfant, on enrichit aussi les connaissances sur les tumeurs de l’adulte.

Quelles sont, selon vous, les priorités de la recherche fondamentale (et translationnelle) sur les cancers pédiatriques ?

Pour aller plus loin

Selon moi, les trois priorités de la recherche sont l’étude de la plasticité cellulaire, du contexte immunitaire et de l’acquisition d’altérations génétiques.

L’étude de la plasticité cellulaire nous permettra de comprendre comment la cellule se transforme, par exemple, pour échapper aux traitements, et donc d’identifier les mécanismes de progression et de récidive des cancers. Cela passe par l’étude des mécanismes épigénétiques ou par l’étude de la stabilité des protéines. Une illustration : les travaux sur les changements d’identité des cellules du neuroblastome menés par Valentina Boeva à l’Institut Curie et poursuivis avec le soutien de la Fondation ARC à l’Institut Cochin1, en collaboration très étroite avec Isabelle Janoueix, dans mon laboratoire, nous ont permis de mieux comprendre la résistance aux chimiothérapies.

L’étude du contexte immunitaire a pour objectif d’identifier comment les cellules tumorales parviennent à se masquer pour échapper aux défenses naturelles de l’organisme. Dans ce domaine de recherche, la Fondation ARC vient d’accorder un financement à un projet ambitieux conduit par Gudrun Schleiermacher, de l’Institut Curie, qui porte sur l’étude de l’environnement immunitaire des cellules de neuroblastome. Ce projet mené en collaboration avec Laurence Zitvogel, à Gustave Roussy, explorera aussi le rôle du  microbiote dans la réponse immunitaire. Il inclut l’utilisation de techniques de suivi « en live » et le développement de modèles précliniques qui permettront de tester de nouvelles approches thérapeutiques, comprenant des immunothérapies.

Enfin, la recherche sur des mécanismes d’acquisitions d’altérations génétiques (évolution clonale) est nécessaire afin de mieux comprendre comment une cellule tumorale acquiert progressivement des modifications génétiques qui contribuent à son agressivité. Cette compréhension est cruciale pour pallier la progression des 20 % de cancers pédiatriques qui résistent aux traitements.

 



1. La Fondation ARC a soutenu Valentina Boeva dans le cadre du programme ATIP-Avenir.

Photo : Noak/Le Bar Floréal/Institut Curie