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22 juillet 2016

Cancer colorectal : un facteur pronostique qui dépend de bien peu de chose

La présence de certaines cellules immunitaires récemment décelées dans les tumeurs coliques constitue un indicateur de bon pronostic. Mais attention : à un détail moléculaire et quelques bactéries près, c’est un mauvais pronostic qui peut être prédit !

Ces dernières années, les résultats se sont accumulés en faveur de l’identification des cellules immunitaires dans les tumeurs et leur environnement proche comme indicateur fiable de pronostic de différents cancers1.

En effet, l’infiltration dans la tumeur de nombreux lymphocytes capables de reconnaitre et d’attaquer les cellules cancéreuses est liée à un contrôle efficace de la croissance tumorale. À l’inverse, la présence de lymphocytes appelés « T régulateurs » (Treg), destinés à contenir les réactions immunitaires, est en général signe de mauvais pronostic. En général, mais pas toujours ! Des études ont en effet montré que la présence de cellules Treg dans les tumeurs coliques pouvait être associée à un bon pronostic… Pour mieux comprendre la situation, une équipe japonaise a mené l’enquête en analysant de nombreux échantillons prélevés chez des patients.

Si le diable se cache dans les détails, leurs résultats montrent à quel point l’adage s’applique à l’évaluation pronostique du cancer colorectal. Dans leur analyse, les chercheurs se sont particulièrement intéressés à l’expression d’une protéine appelée FOXP3. Des travaux qui datent maintenant de plus de 15 ans ont en effet montré que l’expression de cette protéine dans des lymphocytes T permettait la transformation de ceux-ci en lymphocytes Treg. Dans les échantillons de tumeurs colorectales, les chercheurs ont montré que certains lymphocytes n’exprimaient que modérément FOXP3, quand d’autres l’exprimaient intensément. Poussant plus loin leur analyse, ils ont mis en évidence que, si les cellules qui expriment fortement FOXP3 ont bien un profil de Treg, limitant la réponse immunitaire anti-tumorale, celles qui n’expriment FOXP3 qu’à bas bruit ont au contraire tendance à stimuler le système immunitaire. Enfin, l’infiltration dans la tumeur d’une quantité importante de ces dernières cellules était associée, chez les patients, à un meilleur pronostic.

Quel facteur, variable d’un patient à l’autre, permettait d’expliquer telle ou telle orientation des lymphocytes T ?

Une réponse a été trouvée dans la flore intestinale, aussi appelée le microbiote : dans les tumeurs présentant un grand nombre de lymphocytes T exprimant modérément FOXP3, les chercheurs ont décelé la présence importante d’une espèce bien particulière de bactéries, généralement minoritaire dans les autres échantillons. Ces bactéries engendraient une inflammation locale, un contexte apparemment favorable à ces « faux » lymphocytes Treg. La présence d’une espèce bactérienne particulière serait ainsi impliquée dans l’orientation pro- ou anti-tumorale du système immunitaire local dans les cancers colorectaux.


R.D.

1 Des travaux réalisés dans le cadre du projet Immunoscore montrent même que le « contenu » immunitaire d’une tumeur colorectale est plus informatif que son bagage génétique pour prédire le risque métastatique. En savoir plus

Source : Saito, T. et al ; Two FOXP3+CD4+ T cell subpopulations distinctly control the prognosis of colorectal cancers; Nature medicine; 25 avril 2016